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Logo des éditions Le Soupirail

Un nouveau cri vient de se faire entendre dans le monde si singulier de l’édition française. Un murmure sauvage qui fait vaciller la porte de notre imagination. Il s’arrête au seuil de l’entendement, à la frontière de la beauté. Cette maison d’édition de littérature française et étrangère se voit comme une ouverture sur le monde : Le Soupirail ouvre ainsi  la voie à un nouveau regard et accorde un souci particulier au travail avec l’auteur. Zone Critique a choisi de mettre en lumière et d’encourager ce projet, en revenant brièvement sur l’un des ouvrages récemment publié, La maladie de la vie par Mahmoud Chokrollahi. 

17 mars 2014
17 mars 2014

La maladie de la vie nous plonge dans les méandres de la pensée de l’homme et nous offre un travail sur la chair. Ce texte court se présente comme une réécriture, comme une modulation autour de La maladie de la mort par Marguerite Duras.

Ainsi, la même technique de narration est adoptée et nous retrouvons un personnage aussi tourmenté. A travers un récit à la deuxième personne du pluriel, nous découvrons un homme hanté par des images obsédantes. Un homme qui doit faire face à un ennemi intime, son reflet. « Vous vomissez sur le miroir. Vous fixez le miroir. Vous avez envie de rire. Vous pleurez. Vous rentrez dans le miroir. Le miroir ne se brise pas. » Mais au-delà de la confrontation avec soi, ce texte aborde avec une brutale douceur la difficile question des rapports homme/femme. «Vous vous levez apeuré. Vous vous arrêtez à deux pas du lit. Vous tremblez. La sueur froide de votre corps. Vous réfléchissez. Vous essayez de réfléchir. Vous ne pouvez pas. Vous répétez en vous. Elle était. Elle n’est plus. Elle était. Elle n’est plus. On entend les vagues. »

Des phrases tranchantes et une prose ciselée servent une réflexion sur la finitude

Le style, abrupte et évasif, nous entraîne dans des gouffres vertigineux. Des phrases tranchantes et une prose ciselée servent une réflexion sur la finitude. Des objets reviennent inlassablement : la cigarette, les draps tâchés de sang et le miroir. Là où Marguerite Duras avait choisi de placer son récit sous le signe du corps et de la relation sexuelle, Mahmoud Chokrollahi décide de se concentrer sur ce qu’on pourrait appeler un érotisme du malentendu. Une situation ambigüe qui se prolonge au fil des pages sans que le lecteur puisse déterminer ce qu’il s’est passé entre Vous et Elle, voire même si la situation du récit a existé.

  • La maladie de la vie de Mahmoud Chokrollahi, éditions Le Soupirail, 66 pages, 11 €, 17 mars 2014. 

Pierre Poligone