Zoé (Judith Chemla) et Lawrence (Anders Danielsen Lie) à New York – ©NordOuestFilm

Pour son deuxième long-métrage, Ce sentiment de l’été, le réalisateur français Mikhaël Hers filme le deuil et l’absence. Une belle idée qui se retrouve vite étouffée par un trop plein de lumière et de musique.

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Berlin. Un couple jeune et beau. Elle est française et artiste. Il est américain, traducteur et écrivain à ses heures perdues. Ils vivent dans un grand appartement baigné de soleil. Par les hautes fenêtres, on voit des arbres. Un chat complète le tableau.

Le portrait idyllique se brise dès le début du film : Sacha fait un malaise dans un parc en rentrant de son atelier. Elle tombe et ne se relèvera jamais. Pour sa famille et Lawrence, son compagnon, commence alors le difficile travail du deuil que Mikhaël Hers va filmer de manière assez vaine pendant 1h45, baladant ses personnages entre Berlin, Paris, Annecy et New York.

Des qualités esthétiques

Le long-métrage s’ouvre une très jolie séquence : le réveil de Sacha. Les gestes quotidiens (éteindre la sonnerie, mettre un tee-shirt, se préparer un thé, prendre une douche…) sont filmés avec tendresse. On partage sa journée à l’atelier : la peinture, les machines, les textos échangés, les rires avec ses amies… Puis Sacha disparaît, remplacée par l’absence.

Chacun tente alors de garder la tête hors de l’eau. Lawrence ne parvient plus à écrire. Zoé, la sœur de Sacha, continue à travailler de nuit dans un hôtel parisien. Ses parents font des travaux dans leur superbe maison d’Annecy pour tenter de combler le vide. Mais ce dernier devient vite lassant malgré les qualités esthétiques du film.

Lawrence et sa sœur Nina, à New York – ©NordOuestFilm

Saturation

Mikhaël Hers s’intéresse en effet aux deux étés suivant la mort de Sacha. Les arbres sont verdoyants et le soleil omniprésent. C’est le temps des bières que l’on sirote en terrasse et des soirées à l’air libre qui durent jusqu’au bout de la nuit. Il réussit à faire ressurgir dans notre mémoire ce sentiment de l’été si agréable, celui que l’on guette dès la fin de l’hiver en espérant qu’il prendra de l’avance sur le printemps.

On sature de ce soleil qui ne se cache jamais derrière les nuages. On sature aussi de tous ces logements paradisiaques situés sur les toits new-yorkais, au bord du lac d’Annecy ou près des parcs berlinois.

Car à l’écran, l’image est belle, toujours. Sans doute trop. Même en été, il y a des jours de pluie ou de tempête et le réalisateur semble l’avoir oublié. On sature de ce soleil qui ne se cache jamais derrière les nuages. On sature aussi de tous ces logements paradisiaques situés sur les toits new-yorkais, au bord du lac d’Annecy ou près des parcs berlinois. On sature surtout de la musique omniprésente qui étouffe le film et ses personnages.

Les acteurs aussi sont beaux. Ils jouent plutôt justes mais leurs yeux bleus se remplissant de larmes est une image trop répétitive. Assommés par le deuil, ils tentent de vivre mais nous ennuient car Mikhaël Hers a trop surchargé son film pour permettre au spectateur d’y entrer complètement.

  • Ce sentiment de l’été, de Mikhaël Hers avec Anders Danielsen Lie, Judith Chemla, Marie Rivière…