Retrouvons l’écrivain Clément Bénech, son pouvoir narratif méticuleux et allègre, qui vient de donner le jour à un essai pointu aux éditions Plein Jour : Une essentielle fragilité, le roman à l’ère de l’image. Un ingénieux dispositif pour piéger notre attention et notre réflexion quant à la place de la photographie dans la littérature. Nous assistons à l’avènement d’un organisme littérairement modifié : « Perceptor ». Affirmons-nous en tant que lecteurs conquis.
« Il est plus doux qu’un coussinet de chat sur une joue » annonce l’auteur sur le réseau social Twitter. Nous confirmons que les éditions Plein Jour ont peaufiné la fabrication du livre : superbe couverture énigmatique à rabats bleu de cobalt foncé et argent, papier crème et épais pour l’intérieur.Le fragile moineau au café qui volette de tables en chaises en inspectant minutieusement les coussins des fauteuils, en frottant son bec sur l’osier, en se posant parfois au sol — trop propre — à la recherche de quelques miettes : une essentielle fragilité.
Pas de gaffe
« Une gaffe est toujours possible et même quand tu marches sur l’œuf sans le casser, il t’en voudra peut-être de nier si légèrement sa fragilité » prévient le prudent écrivain Éric Chevillard dans son journal L’Autofictif en date du 06 janvier 2019. Clément Bénech (« on dit [benɛʃ], pas [benɛk] » nous met-il en garde sur le réseau Twitter), essayiste et averti, ne commet pas une gaffe en nous invitant poliment à nous interroger à propos de la démocratisation de l’image qui révèle la « fragilité essentielle » de la littérature. Il « prône une hybridation entre l’image et le texte » en consacrant un « moment rhétorique » à « une réhabilitation de la pureté » et auparavant un autre à « arracher la littérature au champ du jeu » et un dernier à donner un nom à