Auguste Renoir, Julie Manet ou L’Enfant au chat, 1887

Fille de Berthe Morisot et d’Eugène Manet, Julie Manet (1878-1966) a tenu un rôle important au sein du mouvement impressionniste. À la fois muse, peintre et collectionneuse, elle contribua largement à mettre en lumière le travail de son entourage notamment celui de son oncle, Édouard Manet, et de sa mère, Berthe Morisot. Tout au long de ce parcours, le visiteur pourra découvrir ou redécouvrir les artistes et les œuvres de cette période marquante au musée Marmottan-Monet jusqu’au 20 mars : les amis des Manet et les membres de la famille, les peintres qui les représentèrent et les liens qu’ils entretinrent.

Une femme impressionniste

Enfant modèle, Julie Manet pose dès son plus jeune âge pour les peintres de son entourage tels que Renoir, Degas, Manet, Morisot… Julie est représentée dans de nombreuses œuvres impressionnistes, principalement pendant lors deson enfance et de son adolescence. Tandis que des peintres comme Renoir tentent d’en faire un portrait le plus fidèle que possible, sa mère, Berthe Morisot, est plus intéressée à montrer une attitude de l’enfance, « quelque chose de ce qui se passe ». Ses traits sont alors esquissés, comme floutés pour laisser place à une silhouette.

On peut mettre en confrontation le célèbre portrait de Julie Manet L’enfant au chat (1887) peint par Renoir, avec l’aquarelle de Morisot, Petite fille assise dans l’herbe (1882) qui révèle leur différente manière de représenter l’enfance. Julie devient rapidement une muse. De ces portraits se dégagent la pureté et l’innocence, l’insouciance et la douceur de la jeunesse.

Julie devient rapidement une muse. De ces portraits se dégagent la pureté et l’innocence, l’insouciance et la douceur de la jeunesse.

Dans les premières salles de l’exposition, on peut suivre l’évolution de Julie, d’abord enfant puis adolescente et enfin, femme mariée. Ensuite on découvre d’autres personnes du cercle de Julie, sa famille et surtout ses cousines qui ont tenu un rôle important dans la vie de Julie. L’exposition met en lumière les amis artistes du cercle Manet, l’entourage proche de Julie et les représentations qu’ils feront de la jeune fille et de sa famille. On peut également découvrir d’autres membres de la famille, artistes ou modèles. Sa cousine, Paule Gobillard, recevra une formation artistique par Berthe Morisot et représentera plusieurs fois sa cousine Julie dans ses toiles. À l’inverse, Paule et sa sœur seront aussi représentées par Julie, par Berthe Morisot ou Auguste Renoir. C’est avec Ernest Rouart que Julie passera le reste de ses jours. Son mari la représentera dans nombre de ses œuvres, dernier artiste à la peindre et à s’en inspirer. Ensemble, ils participeront à la mémoire des Manet.

Julie Manet, Le Duo de pianos, vers 1898

La mémoire impressionniste

En 1894, Julie est la dernière descendante directe des Manet. Elle hérite de son grand-père et de ses parents d’un patrimoine considérable. Avec son époux, ils collectionnent les œuvres contemporaines du XVIIIe et du XIXe siècle. Auguste Renoir, Claude Monet, Édouard Manet, Berthe Morisot, mais aussi Camille Corot, Jean-Honoré Fragonard, Hubert Robert… Un panel d’œuvres est exposé à la vue du visiteur. Julie contribuera à mettre en avant et revaloriser les œuvres impressionnistes. Elle défendra avec ferveur le travail de son oncle Édouard Manet et tentera de faire reconnaître l’œuvre de sa mère, Berthe Morisot, dont le travail, très admiré de son vivant, sera vite oublié après sa mort. Avec ses nombreux dons aux musées, Julie contribuera à l’enrichissement du patrimoine français et surtout à faire vivre la mémoire des impressionnistes. Plusieurs œuvres de Berthe Morisot et d’Édouard Manet sont exposées afin de montrer l’importance qu’ont tenu ces deux artistes dans la vie de la jeune femme et inversement, le rôle décisif que Julie a joué dans la reconnaissance de ces artistes aujourd’hui.

Julie Manet, Femme devant sa cheminée, 

Une peintre oubliée

À l’étage, isolée du reste de l’exposition, une salle est consacrée à la production artistique de Julie Manet. Loin d’être seulement un modèle passif, Julie a peint tout au long de sa vie. Élevée dans un milieu artistique, elle a reçu une formation de peintre par sa mère, dont on retrouve l’inspiration dans ses toiles. On peut voir ses œuvres de jeunesse, dans lesquelles transparaît en effet le style de sa mère et aussi de Renoir. La touche est lisse avec un rendu qui semble flouté, la palette est lumineuse, l’utilisation de couleurs claires donne une impression de légèreté… Les thèmestraités sont souvent ceux de la femme dans ses activités de l’époque (Avant le bal, Femme devant sa cheminée, La Cueillette des pêches), principalement des portraits, mais on peut voir quelques rares peintures de paysages. Julie Manet a exposé plusieurs fois au Salon des Indépendants jusqu’à son mariage en 1900, suite auquel elle décida d’arrêter de montrer et d’exposer ses oeuvres. Elle était donc reconnue en tant que peintre de son vivant et a eu une brève carrière d’artiste. Aujourd’hui oubliée, l’exposition met en lumière quelques unes de ses œuvres et permet ainsi de découvrir sa production artistique.

La fraîcheur impressionniste

Cette exposition regroupe exclusivement des peintures impressionnistes. Les artistes de ce mouvement ont pour volonté de capturer l’instantané, l’éphémère, de capter des moments de vie pris sur le vif, les effets de la lumière, la nature… Les œuvres exposées sont remplies de cette fraîcheur nouvelle, avec une sélection de toiles lumineuses et printanières qui nous sont présentées. Cette atmosphère apporte un souffle nouveau dans le monde de l’art, transportant le visiteur dans un monde paisible et harmonieux.

Julie Manet tiendra un rôle majeur dans l’histoire de l’art : à la fois muse, peintre et collectionneuse, c’est en partie grâce à elle que les œuvres de Berthe Morisot et Edouard Manet nous sont accessibles aujourd’hui dans les musées parisiens. Cette première exposition consacrée à Julie Manet révèle bien la diversité des actions qu’a réalisée cette femme de l’impressionnisme.

« Julie Manet, la mémoire impressionniste » jusqu’au 20 mars au musée Marmottan Monet.

Un article de Mélusine PASCAL