A l’occasion du Festival America, nous avons rencontré Jean d’Amérique qui est l’une des nouvelles voix de la relève littéraire haïtienne. Pour Zone Critique, il a livré ses réflexions sur la dimension féministe de son oeuvre, l’influence de la culture orale qui règne à Haïti, son héritage du rap et sa volonté de redonner espoir à la jeunesse.

Zone Critique : Dans vos deux dernières œuvres, Soleil à coudre et Opéra poussière, les personnages principaux sont des femmes. En tant qu’écrivain et en tant qu’homme, comment est-ce que vous avez été amené à cultiver cet engagement féministe et quelle place occupe-t-il selon vous à Haïti actuellement ? Est-ce qu’il s’agit d’un engagement récent dans la scène littéraire haïtienne ou est-ce que cette dimension féministe est présente depuis bien plus longtemps ? Je pense par exemple au film Freda de Gessica Généus qui avait été présenté dans la sélection Un certain regard à Cannes l’année dernière et qui s’attaque aux violences faites aux femmes à Haïti.

Jean d’Amérique : Tout à fait, en fait ces dix dernières il y a une vague du mouvement féministe haïtien qui s’est vraiment élargie et organisée dans tout le pays. Des structures ont été mises en place et beaucoup d’associations sont nées dans les années 2010, notamment une structure qui s’appelle Nègès Mawon créée par Pascale Solages et qui organise un festival féministe où elles abordent les questions de genre à travers des créations artistiques. Ce sont des amies à moi qui ont monté ce festival et je collabore souvent avec elles dans la création artistique de celui-ci.

J’ai toujours envie de représenter ces personnes qui sont marginalisées, donc dans mes textes on va croiser des gens des quartiers, des femmes, des prostituées.

En ce qui concerne ma création artistique, je dis toujours que je n’ai pas tant une obsession à parler au nom des femmes qu’à présenter des personnages féminins parce que je viens de la marge, soit d’une somme de privations et d’injustices sociales qui font que j’ai toujours envie de représenter dans mon œuvre des marginalisés. Je suis convaincu que tous les opprimés du monde ont la même adresse, que nous traversons tous la même douleur en tant qu’opprimés. J’ai toujours envie de représenter ces personnes qui sont marginalisées, donc dans mes textes on va croiser des gens des quartiers, des femmes, des prostituées … C’est plus dans cette perspective que s’inscrit mon choix de protagonistes féminins.

Et puis c’est aussi un besoin, pour moi-même ainsi que pour les lecteurs et lectrices, de représenter les choses autrement voire plus précisément d’inverser les représentations. Nous vivons dans une société qui est très hétéronormée, qui est gangrénée par un système patriarcal structurel. Je pense que si on en est arrivé là, c’est en partie parce que nous avons été gavés de récits hétéronormés et sexistes pendant un certain nombre de temps. Et ces récits ont façonné notre manière de voir et de penser le monde, qu’il s’agisse non seulement de livres mais aussi de films et plus généralement de tout ce que notre esprit consomme et qui participe à ce façonnement. En tant qu’écrivain, j’ai donc conscience que ce que j’écris va façonner l’esprit des lecteurs. L’écriture est un lieu où je peux inverser les choses. Donc oui, j’aime bien inverser les choses et le plus souvent j’essaye de ne pas le faire frontalement, c’est-à-dire pas forcément en fustigeant. Je cherche juste à offrir d’autres représentations à mes lecteurs pour qu’ils puissent les laisser infuser dans leur esprit. Prenons le personnage principal de Soleil à coudre justement, Tête Fêlée. Beaucoup de lecteurs pensent qu’il s’agit d’un garçon au début du livre.

Je reconnais que je me posais effectivement cette question au début du roman. Le sexe du protagoniste n’est pas dévoilé et ce n’est qu’au bout d’une dizaine de pages que l’on commence à comprendre qu’il s’agit d’une fille. Elle est par la suite impliquée dans des affaires de criminalité, ce qui étonne d’autant plus.

Jean : Des indices se cachent entre les lignes … J’ai choisi une héroïne là où on s’attend précisément à découvrir un garçon. Pour rebondir sur la criminalité, ce n’est effectivement pas la représentation que l’on a des jeunes filles dans l’imaginaire populaire. Ces personnages que je n’ai pas l’habitude de rencontrer dans les récits que je lis, c’est eux que j’ai envie de voir dans ce que je raconte et de retrouver dans les livres que j’écris. Donc oui, je le fais mais sans l’écrire frontalement. Je laisse les lecteurs entrer là-dedans sans qu’ils s’en rendent forcément compte …

Un peu comme dans les contes de fées finalement.

Jean : Oui, exactement !

Soleil à coudre fait penser à un conte de fées sous certains aspects avec ces personnages aux noms quelque peu fantastiques, Tête Fêlée par exemple … Il y a une ambiguïté sur le genre du protagoniste notamment en raison de ce surnom insolite.  L’Ange du Métal peut aussi prêter au questionnement avec la dimension esthétique et aérienne que revêt cette appellation.

Jean : Tout à fait. Et puis je pense que le corps de mes personnages, d’une manière générale, est mouvant ou bien presque effacé. Je donne quelques éléments les concernant mais très peu de descriptions physiques.

 Vous laissez ainsi place à l’imagination ?

Jean : Oui, je laisse les lecteurs se faire leur propre représentation mentale du personnage. Dans Opéra Poussière, j’écris quelque chose de cet ordre-là.

 Dans cette œuvre vous prônez en effet le souhait d’une victoire des idées sur la forme. Vous regrettez que le grand public s’arrête souvent à la représentation imagée de figures culturelles et historiques et ne fasse pas toujours l’effort d’aller au-delà.

Jean : Quand les individus ressentent le besoin de voir le corps pour valider la parole.

 C’est vrai qu’une fois que le corps et l’image d’une figure ont été intégrés par le plus grand nombre, certaines personnes se suffisent à cette information visuelle.

Jean : Exactement.

 Mais d’un autre côté, il semble difficile d’échapper à cette réalité. Quand on pense à Victor Hugo par exemple, nous avons tous le même portrait iconique qui nous vient instantanément en tête. Sur le long terme, c’est en partie cette première impression visuelle qui nous aide à retenir l’existence de la figure choisie. C’est certes primaire mais c’est bien le corps, au travers d’une photographie ou d’une peinture, qui nous vient à l’esprit lorsqu’on pense à un personnage connu.

Jean : Et c’est la même chose pour les représentations de genre ! J’essaye toujours de déplacer ces stéréotypes. J’espère écrire comme si je donnais déjà à voir le monde dont je rêve. Un monde où l’hétéronormativité serait bannie et où les frontières que l’on met entre les êtres humains seraient abolies.

La frontière est un sujet que vous abordez souvent dans votre œuvre. Les frontières terrestres avec la question de l’exil et la quête acharnée de visas pour certains mais également les frontières sociales, les frontières sentimentales … Cette thématique de la frontière est intéressante d’un point de vue littéraire.

Jean : Oui exactement. Et puis pour revenir une dernière fois sur la question des héroïnes c’est vrai qu’il y a un certain nombre de personnages féminins qui apparaissent dans mes livres mais ce n’est pas une obsession pour moi de parler de la femme. L’idée consiste vraiment à représenter les choses autrement et à donner d’autres représentations aux lecteurs. Autrement dit, de donner à voir des figures que nous n’avons pas l’habitude de retrouver dans les classiques de la littérature.

 Il y a des personnages masculins également très intéressants dans votre œuvre. L’héroïne de Soleil à coudre est une jeune fille mais son père, celui de Silence et le Politicien dont le cul est fait pour toutes les chaises sont des personnages très complexes et fort intéressants d’un point de vue psychologique à mes yeux.

Comment mettre en lumière les enjeux socio-politiques d’une vie humaine ? Toute vie, toute existence a quelque chose de politique et dit quelque chose sur le collectif.

Jean : Tous les personnages, même si ce n’est pas quelque chose que j’ai théorisé avant d’écrire le roman, disent quelque chose sur la société haïtienne et le collectif. C’est cela aussi que je cherche dans mon travail, soit comment mettre en lumière les enjeux socio-politiques d’une vie humaine. Toute vie, toute existence a quelque chose de politique et dit quelque chose sur le collectif. Tête Fêlée est née dans un bidonville où elle est entourée d’une violence qu’elle voit quotidiennement, qu’elle subit, et à laquelle elle doit répondre. Son parcours de vie l’amène, en tant qu’enfant, à devoir comprendre qu’est-ce que sa propre vie reflète d’une société donnant une telle violence pour horizon d’avenir.  Comment devient-on quelqu’un ? Comment peut-on avoir une existence dans une société avec cette violence pour héritage ?

Ce qui est vraiment intéressant dans votre œuvre c’est notamment cette pluralité de genres littéraires. Principalement la poésie qui vous tient à cœur puisque vous vous considérez avant tout comme un poète, mais aussi le théâtre et l’incontournable exercice du roman auquel vous vous êtes prêté avec Soleil à coudre publié l’année dernière aux éditions Actes Sud. Vous avez par ailleurs gagné le prix RFI Théâtre 2021 et le Prix théâtre Jacques Scherer de cette année pour votre Opéra poussière qui rend hommage à la résistante Sanite Belair. Dans Soleil à coudre, nous ressentons pleinement cette culture de l’oralité, de la déclamation et plus généralement d’une littérature vivante. Cette année c’est également une écrivaine haïtienne, Gaëlle Bien-Aimé, qui a remporté le prix RFI théâtre. Est-ce que selon vous les écrivains haïtiens ont en commun ce goût de l’oralité et d’une littérature presque organique ? Est-ce que cela fait partie à vos yeux du patrimoine haïtien ?

Jean : Je ne sais pas si je peux vraiment rationaliser cette part de mon œuvre mais ce que je sais pour sûr c’est qu’il y a un héritage de l’oralité qui est très fort en Haïti. Par exemple, quand j’étais enfant, il y avait toujours des chants, de la musique et de la parole dans les jeux qu’on faisait. Beaucoup de choses se sont transmises de cette manière. J’ai vécu à Port-au-Prince, où la parole a une importance dans toutes les sphères de la vie (rires). Une musique accompagne chaque activité du quotidien. Je suis chez moi. Le marchand de pains passe. Je sais qu’il s’agit du marchand de pain car il a un chant ou un cri qui lui est propre. Et là c’est définitivement l’oralité qui est en jeu, c’est la musique de la vie pour moi. Presque tous les marchands ont leur propre chant. Et puis dans l’espace public la parole est toujours mise à l’épreuve. Les haïtiens racontent, profèrent … Je crois que l’oralité de mon œuvre me vient inconsciemment de la ville de Port-au-Prince dont je suis beaucoup imprégné. Mon travail d’écriture a commencé ici. Je suis très influencé par cette musique du quotidien. J’imagine vraiment mes personnages déambuler dans les rues de Port-au-Prince en train de dire quelque chose d’urgent, quelque chose qu’il faut absolument faire passer et écouter tout de suite. Dans cette urgence, forcément, la parole est brûlante et nécessaire. De surcroît, j’ai été grandement influencé par le rap. C’est de là que j’ai été amené à écrire et je suis très imprégné de cette musique.

 Vous citez en effet Kendrick Lamar, Tupac … J’aime beaucoup le rap également et j’ai apprécié de retrouver ces références dans Soleil à coudre. C’est très plaisant de voir que vous mêlez naturellement cette culture rap à la littérature.

Jean : Oui, tout à fait. Cette part de la musique hip-hop m’a beaucoup influencé dans l’écriture. Même si ce n’est pas de manière systématique, l’idée de la musique et du rythme est toujours très présente. Je ne sais pas si c’est quelque chose de spécifiquement haïtien mais il est vrai qu’il y a beaucoup d’éléments dans mon cas qui me font dire qu’il y a des choses qui viennent de ce pays quand je parle de la musique de la rue et du quotidien.

 D’où votre passion pour le théâtre également ? Le théâtre est un des arts les plus vivants qui soit. Dans une certaine mesure, la rue est une scène de théâtre même si c’est un exemple très commun.

Jean : Je suis tout à fait d’accord, c’est pour ça que la forme de théâtre que j’écris tient beaucoup plus par la parole que par les actions. Le théâtre, je l’ai vécu dans la rue plus que dans des salles. Je n’écris pas vraiment avec une scène conventionnelle dans la tête. Mes personnages sont toujours dans des espaces éclatés, ils peuvent être partout et leur parole aura toujours le dessus.

Nous sommes très loin de la règle des trois unités du théâtre classique (rires) …

Jean : Ah non, moi je ne suis pas un partisan de ces conventions (rires) ! Le théâtre à Haïti a eu souvent vocation à être un théâtre de l’urgence. Je me souviens adolescent de jeunes comédiens et comédiennes qui écrivaient et préparaient leur texte le matin puis qui sortaient l’après-midi dans la rue pour les jouer. Donc ça fait quelque chose de vivant, d’immédiat, de « tout de suite » où la parole est donnée parce qu’elle doit être donnée « maintenant». J’ai beaucoup été influencé par ces choses-là qui font que quand je pense théâtre, je ne pense pas « salle ». Et puis il faut dire qu’à Haïti il n’y a pas beaucoup de salles (rires) ! Le théâtre en est donc beaucoup plus libéré.

Le rapport au temps et à la manière de vivre l’enfance et l’adolescence, soit le passage à l’âge adulte, occupe une place importante dans votre œuvre. Dans Soleil à coudre votre héroïne est seulement âgée de 12 ans. Est-ce qu’en tant qu’écrivain vous avez parfois l’occasion de créer un lien avec la jeune génération à l’occasion de festivals, de dédicaces ou même sur les réseaux sociaux étant donné que vous êtes très présent sur Twitter par exemple ? Et cela dans une époque où les écrans et Internet concurrencent la lecture.

Jean : J’ai un héritage du hip-hop. J’ai toujours essayé de le conserver précieusement et de ne pas hésiter à mettre mes références rap en avant. On attend souvent d’un écrivain qu’il cite d’autres écrivains ou qu’il ait des références littéraires convenues. Mais moi j’ai été non seulement construit par les livres mais également par le rap. Je fais toujours dialoguer mes références littéraires et musicales, notamment pour casser la représentation classique de l’écrivain. C’est ce que je fais dans Soleil à coudre en choisissant un vers de Tupac pour épigraphe. Non seulement parce qu’il s’agit d’un rappeur que j’apprécie personnellement mais également parce que ce choix a une valeur symbolique à mes yeux. Quand je fais cohabiter Kendrick Lamar et Romain Gary, ça dit symboliquement quelque chose. Et dans mes précédents livres j’ai également mis en exergue des citations de rappeurs pour réhabiliter ces références. Il ne faut pas oublier que la culture rap est discriminée.

 Le rap est effectivement un genre musical très apprécié d’une grande partie de la jeunesse mais qui souffre encore d’un manque de reconnaissance de la part des institutions médiatiques et culturelles.

Jean : J’ai souvent l’occasion d’aller dans des écoles et des lycées où je rencontre des jeunes et ce sont des références qui non seulement résonnent en eux mais qui suscitent un véritable intérêt. Ils se sentent instantanément rapprochés de mon œuvre et représentés dans celle-ci. C’est très important parce qu’aujourd’hui le rap est un des genres musicaux les plus écoutés des jeunes. Quand j’échange avec les jeunes que je rencontre, je leur explique naturellement qu’il n’est pas question d’enterrer les classiques de Victor Hugo. Mais pour beaucoup d’entre eux, le nom de Booba est beaucoup plus parlant que celui de Victor Hugo. L’idée n’est pas de mettre Booba sur le même piédestal que Victor Hugo mais de comprendre comment capter l’attention des jeunes en mobilisant ces références. Et moi comme je viens de cette culture rap, j’ai envie de parler aux jeunes qui ressemblent à l’adolescent que j’ai pu être. Quand je pense à là d’où je viens, j’ai effectivement envie de donner à ces jeunes des clés de compréhension du monde que j’aurais aimé avoir à l’époque. Je réalise que la représentation qu’ont le plus souvent les élèves de la poésie et de la littérature tend à être négative. Ils ont l’impression que ce médium artistique ne les concerne pas, voire les exclut.

Ecrire, c’est donc l’occasion de donner à voir une vision du monde et en ce sens, les poètes sont des influenceurs. Il faut accentuer sur ce sujet auprès des jeunes. 

Or une fois que tu as déconstruit cette représentation biaisée et que tu parviens à faire comprendre à ces jeunes que la littérature peut aussi parler de leurs vies et qu’ils peuvent se l’approprier comme outil pour prendre la parole dans le société et se faire entendre autrement, tu réalises qu’ils sont en réalité très intéressés. La littérature donne un pouvoir énorme sur le monde. Lorsque j’écris, j’ai vraiment cette sensation de dominer le monde ! Ecrire, c’est donc l’occasion de donner à voir une vision du monde et en ce sens, les poètes sont des influenceurs. Il faut accentuer sur ce sujet auprès des jeunes.

 Et puis la littérature, au même titre que le rap, est également un moyen d’échapper à sa condition sociale. Notamment en rencontrant des personnes issues de milieux et d’univers différents, et plus généralement en évoluant positivement dans sa vie. C’est une vision plus terre-à-terre de l’écriture mais c’est une réalité à prendre compte et qui peut littéralement amener des personnes à s’en sortir financièrement, socialement voire émotionnellement.

Jean : Tout à fait, et je pense que les jeunes se réfèrent beaucoup à l’exemple du rap. Je suis moi-même concerné par de tels changements de vie. Si je prends mon parcours, c’est l’écriture qui a fait de moi la personne que je suis, et ce sur tous les points. Pouvoir parler dans la société et être plus ou moins écouté est déjà un énorme progrès. Sans parler du fait que c’est devenu mon métier et que j’en vie. Je tiens à rappeler aux jeunes que cet horizon n’est pas à bannir, c’est peut-être difficile sous certains aspects mais ça n’en est pas moins une possibilité de carrière qui s’offre à eux. Quand j’étais petit, on ne m’avait jamais présenté « écrivain » ou « poète » comme métier. Et le fait d’arriver non seulement à produire des œuvres mais également à en vivre représente pour moi une grande revanche sur la société ! Je prends donc toujours grand plaisir à partager mon histoire auprès des jeunes.

Si j’ai commencé à écrire, c’est aussi parce qu’en écoutant du rap je me suis reconnu dans ces jeunes qui tout comme moi venaient de quartiers sensibles et qui n’avaient pas droit de cité dans la société. Malgré ces cloisons, ils se sont approprié une forme artistique méprisée pour l’imposer dans la culture populaire et se faire entendre. Je trouve cette inversion radicale de la logique de la société complètement formidable. Ce miroir-là, j’ai envie de le tendre aux jeunes marginalisés d’aujourd’hui.

De même, mon apparence physique les interpelle en ce qu’elle contraste avec la représentation stéréotypée qu’ils ont de l’écrivain. Dès que je rentre dans une classe, ils sont déjà bouleversés avant même que je me sois présenté. Pour eux, l’écrivain-type n’est autre qu’un « vieux monsieur blanc ». Cette entrée est certes matérielle et superficielle, mais c’est une entrée non négligeable qui ouvre dans l’esprit de ces jeunes un champ des possibles pour pouvoir ensuite aller dans le fond des choses.

Crédit photo : © Marie Monfils