Il est l’événement le plus attendu du monde de l’art ! Paris+ Art Basel investit le Grand Palais Éphémère pour notre plus grande curiosité. On adore détester les salons ou les foires d’art contemporain, mais tout de même, cela fait du bien, parfois, de prendre le pouls du marché de l’art et de nos galeries qui, après une pandémie ravageuse, reviennent en force. Et en tant qu’acteur du monde de l’art, c’est avec une joie non contenue que j’ai poussé les portes de Paris+ Art Basel.

Les incontournables

Si le tarif pour le grand public peut rebuter le visiteur curieux, passionné d’art, sachez qu’il est possible de visiter les expositions des galeries en entrée libre tout au long de l’année selon la programmation des expositions. Et n’ayez crainte, pousser la porte ne signifie pas un acte d’achat…

Les galeries sont les pendants des musées. Elles permettent de découvrir les nouveaux artistes sur la scène de l’art contemporain, mais aussi tous les autres peintres d’art moderne et contemporain que l’on retrouve dans les musées. Visiter une galerie c’est flirter avec l’intime de l’œuvre d’art que vous ne verrez sans doute qu’une fois avant qu’elle ne parte dans une collection privée. Paris+ Art Basel rassemble ces galeries. Toutes sont, le temps d’un week-end, devenues voisines. Ainsi au Grand Palais s’est rassemblé le milieu international de l’art, tout secteur confondu.

Galerie Kamel Mennour, Courtesy of Paris+ par Art Basel

Pour cette semaine, les grandes galeries parisiennes ont montré ce qu’elles avaient de meilleur à offrir au regard. Ainsi, une certaine effervescence et une excitation non dissimulée étaient palpables dans les grandes allées du salon. On retrouve les grandes galeries parisiennes comme Kamel Mennour, Gagosian, Perrotin, Templon.

Chez Kamel Mennour, nous avons été ravi de retrouver une œuvre de Dhewadi Hadjab, artiste en pleine explosion qui avait été honoré d’une exposition solo dans la galerie rue du Pont de Lodi. Nous retrouvons aussi Lee Ufan et Anish Kapoor, François Morellet ou encore Martial Raysse sur le stand d’exposition. Mennour confirme sa place de galerie incontournable dans le paysage culturel parisien en proposant des expositions exigeantes et magnifiques.

Dans ce panorama des grandes galeries parisiennes, la galerie Templon n’est pas en reste évidemment et proposait des œuvres de Gérard Garouste, de Claude Viallat et de la très poétique et sensible Chiharu Shiota.

Galerie Neugerriemschneider, Olafur Eliasson, courtesy Théo Bellanger

Paris+ Art Basel affirme la place de Paris comme une des capitales européennes de l’art. Et je dis bien européenne, car le salon présentait les galeries de nos voisins avec notre plus grand plaisir ! Ainsi dès l’entrée, le visiteur est saisi par une œuvre du très célèbre Olafur Eliasson présenté, ici, par la galerie berlinoise Neugerriemschneider. Chez nos voisins allemands, nous retenons aussi cette merveilleuse œuvre de Giovanni Anselmo présentée sur le stand de la galerie Konrad Fischer ou encore la lumière d’Anne Imhof chez Sprüth Lagers. Les galeries allemandes montrent que l’Allemagne est une place importante pour l’art contemporain et que leur discours est sans doute plus avant-garde que le nôtre. Les galeries allemandes osent et s’aventurent.

Le salon est très dense et nos yeux fatiguent à mesure qu’ils absorbent tant de choses à contempler. Il mérite plusieurs jours de visite pour prendre le temps de voir, de comprendre aussi comment le paysage de l’art contemporain se dessine à l’international. Ce que nous avons remarqué est un retour en force du figuratif et de la couleur. Paris+ Art Basel marque la victoire de la peinture avec peu d’installations et d’œuvres plastiques présentées. Doit-on y voir un certain conservatisme ? Peut-être ou plutôt un retour aux sources et aux origines. Les œuvres plastiques ne sont, pour autant, pas mises de côté mais ont été exposées hors les murs et nous en reparlerons !

L’Émergence

Tout au fond du Grand Palais Éphémère étaient rassemblées les galeries émergentes, celles encore neuves sur la scène artistique et qui donneront sans doute le ton de la nouvelle génération d’artistes. Seize expositions venues du monde entier étaient ainsi présentées au public. Cela semble peu, mais il faut, parfois – souvent – privilégier la qualité à la quantité ; tel est le parti pris de Paris+ Art Basel pour cette première édition. En conversant avec plusieurs galeristes, le salon est un tremplin non-négligeable. Outre les ventes qui se sont merveilleusement bien réalisées – preuve s’il en est d’un secteur en bonne santé – il faut regarder avec un coup d’avance si l’on peut dire. Les galeries émergentes deviendront des galeries de premier plan, de même que les artistes représentés ou invités.

Hannah Sophie Dunkelberg © 2014 – 2022 · Art Viewer

Pour nous qui ne représentons que des jeunes artistes contemporains, de voir l’effervescence autour de ces nouvelles figures de l’art est rassurant. La pandémie a marqué une inquiétude qui peu à peu s’estompe et le public cherche à nouveau le rêve dans l’art et l’échappatoire moral qu’il peut procurer.

Nous avons retrouvé avec joie une œuvre d’Hannah Sophie Dunkelberg sur le stand de la galerie berlinoise Efremidis. Zone Critique et notre rédactrice Julie Amo avait couvert une exposition d’Hannah Sophie Dunkelberg. Pour Paris+, il s’agissait de trois suspensions lumineuses en acier et verre qui rappellent, de façon contemporaine, les lustres baroques de la Renaissance.

De façon générale, nous avons noté un retour de la couleur, voire même une victoire de la couloir. La galerie londonienne Nicoletti exposait les grands ensembles colorés de l’artiste français Josèfa Ntjamdans un solo show remarquable. La galerie parisienne sans titre présentait les œuvres figuratives de Jessy Razafimamdimby. La galerie Antenna Space de Shanghai proposait, quant à elle, une série de chaises peintes de Yong Xiang Li qui n’était pas sans rappeler une esthétique des années 70.

Ce fut riche.

In Situ

Si l’on était fatigué de déambuler dans les allées cliniques du Grand Palais Éphémère, il y avait toujours les expositions hors-les-murs et celles plus ou moins reliées à notre art week !

La place Vendôme est investie par l’artiste Alicja Kwade et son exposition monumentale « Au cours des Mondes », présentée par Kamel Mennour. L’installation en béton et en pierre polie apparaît comme une cosmogonie. Le spectateur a l’impression que notre système solaire est tombé sur la place Vendôme transformée en un théâtre surréaliste qui plairait fort bien à Sam Szafran. Entre Ciel et Terre, Alicja Kwade nous invite dans son monde poétique et surréaliste.

Kamel Mennour, Courtesy of Paris+ par Art Basel

Plusieurs endroits de Paris ont été investis par l’art contemporain : le musée national Eugène Delacroix, le jardin des Tuileries avec les artistes Christoph Weber, Franz West ou Nina Beier, la chapelle des Petits Augustins des Beaux-Arts ou encore le Petit Palais avec une exposition d’Ugo Rondinone.

Nous pourrions dire qu’il y avait un secteur Sites on et un Sites off tant il y avait d’événements artistiques cette semaine. L’atelier Paulin, Paulin, Paulin®, en collaboration avec l’art advisor Lawrence van Hagen, proposait une exposition en hommage au mouvement artistique américain Light & Space avec des œuvres d’Anish Kapoor, d’Ann Veronica Janssens, James Turrell ou encore du jeune artiste contemporain Mathias Bensimon. Toute l’exposition était donc sous le signe de la lumière, ou plutôt de l’incidence de la lumière sur l’espace et les supports.

Mathias Bensimon et Pierre Paulin, Courtesy Paulin, Paulin, Paulin

Aussi, l’exposition Genius Loci a permis aux Parisiens de découvrir pour la première fois l’appartement du l’architecte Auguste Perret, génie qui nous a offert le Palais d’Iéna ou le théâtre des Champs-Élysées. L’exposition art déco faisait dialoguer design, architecture et art.

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Vous l’aurez compris, la semaine du 17 octobre fut intense, dense, mais absolument passionnante. Je ne peux pas malheureusement évoquer tout ce que j’ai pu voir, ni évoquer tous les artistes formidables que j’ai pu rencontrer. On retiendra donc l’énergie et la synergie qui se sont dégagées du salon Paris+ Art Basel. Cette réunion de l’art contemporain est un signal fort et donne l’élan pour une renaissance. Paris s’impose à nouveau comme un des hauts lieux de l’art contemporain pour les artistes, mais aussi pour tous les autres acteurs de l’art. Vivement l’année prochaine !

Crédit photo : Courtesy of Paris+ par Art Basel