Au Carrousel du Louvre, du 9 au 13 novembre 2022, s’est tenue une nouvelle alliance, celle du salon Fine Arts Paris, né en 2017, et de La Biennale des Antiquaires, créée sous la houlette d’André Malraux. Un décor signé Jacques Garcia accueille les visiteurs, comme la promesse d’une rencontre riche et sensible.

L’éclectisme à l’honneur

L’esperluette choisie comme identité visuelle, résume à elle seule l‘idée d’un mariage artistique enrichi dans une ambiance chic et feutrée. Bestiaire moderne et délicat où se rencontraient la joaillerie, l’art contemporain, les arts anciens et les arts extra-occidentaux.

Au détour des différents stands, impossible d’échapper à la peinture magistrale de Victor Amédée Faure, avec son portrait de Louis Charles d’Orléans, comte de Beaujolais daté de 1835.

Crédits : Tanguy de Montesson

Les virtuoses de l’émotion de la deuxième moitié du XXe siècle étaient également bien représentés. Opera Gallery affichait à ce titre des œuvres d’artistes majeurs de la seconde moitié à l’instar des chefs-d’œuvre de Marc Chagall, Pablo Picasso, Hans Hartung, Pierre Soulages, Jean Dubuffet, Jean Paul Riopelle ou encore Niki de Saint Phalle.

La sculpture n’était pas en reste, à l’affiche de la campagne de cet événement figurait la tête japonaise en bronze à patine dorée de Giacomo Manzù présentée par la galerie Rosenberg & Co.

Les 86 exposants ont pu également satisfaire les bibliophiles avec une présence discrète certes, mais de qualité. Jean-Baptiste de Proyart proposait notamment une édition originale du premier livre illustré en couleurs par Fernand Léger.

Nous l’aurons d’ores et déjà compris, cette union honorait tout type d’art du XIXe à nos jours offrant bien des choses au regard.

Stands fabuleux

Les galeries de Fine Arts Paris & La Biennale ont fourni un véritable effort de mise en espace. Ce parcours hors-les-murs débutait avec le stand 83 au design envoûtant où les alcôves mettent en l’emphase sur les œuvres exposées en provenance d’Afrique et d’Océanie.

Le Prix du « stand le plus fabuleux » a été remis pendant le vernissage du salon par le comité d’honneur au stand 46, la galerie Steinitz, ayant créé une ambiance chinoise XVIIIe et néo-chinoise XIXe, avec pour pièce centrale un bureau plat attribué aux fils d’André-Charles Boulle.

Crédits : Tanguy de Montesson

Cette édition dénotait, se trouvant, en outre, sublimée par la présence du féminin de l’autre côté du chevalet. Le stand 21 occupé par la galerie Françoise Livinec suggérait ainsi une relecture de l’art moderne et contemporaine, la figure phare, le nu de Marie Vassilieff. Cette œuvre prend place à côté de grands noms dans le cubisme traditionnellement représenté par Picasso ou Juan Gris.

Nue, 1913, Marie Vassilieff, Galerie Françoise Livinec

Non loin, les formes élastiques et colorées du pinceau de Louise Barbu appâtaient les visiteurs. Vision intense et complexe, l’artiste explore les méandres de la peinture abstraite. Par cette non-figuration, elle laisse entrevoir un univers énigmatique où la courbe est reine.

Le marché de l’art vivant

Au fil de cette visite, on pouvait se laisser surprendre par des échos dans les allées, « nous prenons le Braque ».

Excessive beauté, le plaisir des collectionneurs demeurait non dissimulé. Un fusain d’Henri Matisse Vase de tulipes partait pour un montant supérieur à 200 000 €. Pendant ce temps, l’art du XVIIe n’était pas boudé puisque deux Figures de pleurantes en bois et plâtre, ont trouvé comme acquéreur nul autre que Jean Claude Gandur pour un montant compris entre 200 et 300 000 €.

Paris continue d’incarner une muse éternelle pour nos chers amateurs d’art. Cette fièvre contagieuse touchait également le simple observateur, car sous des traits inaccessibles, cet art exposé n’implique pas nécessairement un acte d’achat, mais uniquement le plaisir des yeux.

Assurément, l’art, par essence vivant, existe en dehors des institutions muséales, comme une réponse à un besoin ponctuel de délectation esthétique et intellectuelle. Ce public, qui était avant tout un public de galerie, un public de l’entre-soi, est devenu aujourd’hui un grand public.

Assurément, l’art, par essence vivant, existe en dehors des institutions muséales, comme une réponse à un besoin ponctuel de délectation esthétique et intellectuelle.

Dans cette ambiance d’échange et d’art décomplexé, Fine Arts Paris & La Biennale se prêtait aussi allègrement au jeu du débat avec une conférence relative aux enjeux actuels du marché de l’art en galeries. Il en ressort une explosion d’idées nourrie par la pluridisciplinarité.

Finalement, nous retiendrons de Fine Arts Paris & La Biennale, le retour en force de la capitale sur l’échiquier du marché de l’art déjà constaté à Paris+ Art Basel, de bon augure pour la prochaine édition programmée au Grand Palais Éphémère en novembre 2023.

Crédits : Tanguy de Montesson