Léon Bloy
Léon Bloy

Pour le deuxième volet de notre série consacrée à ces figures au ban de la littérature, Zone Critique s’interroge sur le destin de Léon Bloy, écrivain monarchiste et catholique de la fin du XIXe siècle. Sa verve de prédicateur a-t-elle vieilli ? Son talent d’orateur est-il suranné ? Bref, peut-on encore lire Léon Bloy ? Notre contributeur, Clément Guarneri, propose une lecture assez osée de Bloy qui incite à voir dans ce personnage hors-norme, un poète pascalien. Ses œuvres seraient donc un viatique indispensable pour traverser notre époque tourmentée.

« Si on me prouvait que la vérité est en dehors du Christ, je préfèrerais rester dans l’erreur avec le Christ que dans la vérité en dehors de Lui ». Fédor Mikhaïlovitch Dostoïevski.

Je veux aujourd’hui vous entretenir d’un grand écrivain catholique, dont les œuvres sont régulièrement rééditées depuis une dizaine d’années, j’ai nommé Léon Bloy. Pourtant, je ne doute pas qu’en ces temps de matérialisme dévot et d’irrévérence pour tout ce qui a trait au christianisme et au catholicisme, la figure du Mendiant Ingrat passe pour inactuelle, voire profondément rétrograde, aux vues de l’ardeur de ce « fol en christ » pour qui seule la Gloire de Dieu comptait, et dont l’œuvre fut le témoignage retentissant. Mais il en va à vrai dire pour l’œuvre de Léon Bloy comme il en va pour toute œuvre enracinée dans l’occident chrétien, une méfiance de plus en plus accrue, une lecture de plus en plus partielle, et un regain d’intérêt tout relatif s’efforçant d’équarrir, de polir, toute aspérité de pensée. On loue ainsi l’imprécateur de génie que fut le Vieux de la Montagne, en s’enthousiasmant de la verve, de la gouaille, de la truculence de son style orné de latinismes, d’archaïsmes et d’argot, mais l’on évince le penseur, le témoin, le prophète, au nom de son intolérance, de ses excès et de ses violences… Une telle manie, est le propre d’un siècle piqué d’asepsie qui voudrait expulser, au prétexte d’un idéal hygiéniste, tout ce qui fait le sel de la terre : la liberté. Et aussi absurdement que cela puisse paraître, nous aurions consommé, à rebours de Saint Paul prêchant que « la lettre tue, l’esprit vivifie », l’équilibre, renversant l’avertissement du Saint Apôtre en affirmant désormais que « l’esprit tue, la lettre seule vivifie ». Seulement, ce serait se méprendre que de lire ainsi Léon Bloy, en séparant le fond de la forme, quand style et pensée sont indissociables. L’heure est donc venue de relire ce « Blasphémateur par amour », à l’aune de cette imbrication.

Léon Bloy, l’incendiaire

Léon, Marie, Joseph Bloy naquit le 11 juillet 1846, deux mois avant l’apparition de la Vierge à la Salette (en Isère), à Notre-Dame de Sanilhac en Dordogne, à deux pas de Périgueux. Il fut le fils de Jean-Baptiste Bloy, fonctionnaire des Ponts et chaussées, franc-maçon admirateur des Lumières, et de Anne-Marie Carreau, d’origine espagnole, fervente catholique dont Bloy déclarera plus tard qu’elle fut véritablement, avec Jules Barbey d’Aurevilly, l’artisane de son retour au catholicisme en 1868. Durant cette première jeunesse en province, Bloy ne fit montre d’aucune prédisposition si ce n’est d’un talent prononcé pour le dessin qui inquiéta l’idéal bourgeois de son père. D’un tempérament taciturne, il fut aux dires de ses maîtres un piètre écolier, et dut être retiré de la classe de quatrième, suite à une altercation dans la cour de l’établissement, se retrouvant ainsi sous la direction de son père qui l’orientera après une première formation décousue, vers l’architecture. L’écrivain reviendra d’ailleurs quelques années plus tard, sur cette jeunesse, au chapitre X du Désespéré, dans lequel il décrira tous les ressorts de cette enfance mélancolique.

L’heure est donc venue de relire ce « Blasphémateur par amour »

Ce ne fut donc qu’à sa montée sur Paris, après avoir rédigé une tragédie de mauvais aloi, Lucrèce, que Léon Bloy s’arrima à sa vocation d’écrivain, après son échec à l’école des Beaux-Arts et ses diverses incursions dans le salariat. Il fréquenta alors les milieux du socialisme révolutionnaire, rédigeant des articles dans l’esprit de Jules Vallès, se faisant « communard d’avant la Commune », avant sa rencontre décisive, en décembre 1868, avec Jules Barbey d’Aurevilly, rue Rousselet, dont il devint par la suite le secrétaire. Cette rencontre eut alors nombre de répercussions sur le jeune Léon Bloy et signa le retour du fils prodigue à la foi de sa mère. En moins de deux ans, il fit, par une étude prodigieuse, ses humanités, se nourrissant de la Vulgate de Saint Jérôme, de Juvénal, de Cicéron, et des grands classiques français, notamment Pascal, tout en accordant une grande attention, sous l’influence de Barbey d’Aurevilly aux penseurs contre-révolutionnaires, tels que Joseph de Maistre, Louis de Bonald, Antoine Blanc de Saint-Bonnet (avec qui il entretint une correspondance). Léon Bloy nouait ainsi avec les milieux traditionnalistes français, quand la guerre franco-prussienne de 1870 vint l’arracher à ses études et le mener sur le front (de cette expérience, il livrera plus tard récits et contes au Gil Blas, les faisant publier en un recueil : Sueurs de Sang en 1893). Au retour de la guerre, Léon Bloy, poursuivit sa formation intellectuelle auprès de Barbey d’Aurevilly et fit la connaissance du « fou », Ernest Hello, grand traducteur des mystiques (telle Angèle de Foligno ou encore Ruysbroeck l’Admirable), et de l’abbé Tardif de Moidrey, brillant prédicateur et talentueux exégète vraisemblablement confesseur de Barbey d’Aurevilly (nous lui devons une Introduction au livre de Ruth rééditée chez Desclée de Brouwer par Paul Claudel en 1938), par l’entremise duquel il découvrira le pèlerinage de la Salette, dont il tirera deux ouvrages (Celle qui pleure, Notre-Dame de la Salette publié en 1908 et Le Symbolisme de l’Apparition publié à titre posthume en 1925), et une nouvelle méthode de lecture biblique qu’il nommera le « symbolisme universel ».

Ce fut aussi durant cette période de 1879 à 1882 qu’il éprouva une ardente passion pour Anne-Marie Roulé, auprès de laquelle il vécut un amour mystique, extatique, durant lequel lui fut livré son célèbre « Secret ». Tous deux guettant, attendant, l’événement terrible, apocalyptique annoncé par Saint Joseph, auquel ils n’assisteront pourtant pas. Cela vaudra en 1882 l’internement d’Anne-Marie Roulé à l’hôpital Saint-Anne à Paris et à Léon Bloy le désespoir d’un idéal saccagé. Commençait alors après des années de pauvreté, une vie d’errance, de bohème, faite de deuils et d’unions passagères (perte de sa maîtresse Berthe Dumont, naissance de son fils Maurice qu’il eût d’Eugénie Pasdeloup), durant laquelle Bloy collaborera au Chat Noir, journal satirique de Rodolphe Salis, publiant des articles assassins sur les écrivains de son temps (rassemblé dans un recueil de critiques les Propos d’un entrepreneur de démolitions en 1884) et élaborant une étude historique providentialiste sur Christophe Colomb en qui il voit le Messager du Christ (Le Révélateur du Globe, Christophe Colomb et sa béatification future, 1884).

Proche de la bohème parisienne, il rencontrera en 1884, l’écrivain Joris-Karl Huysmans qui venait de publier À Rebours et Auguste Villiers de l’Isle-Adam, célèbre auteur de L’Ève future et des Contes cruels. Mais ce ne fut qu’en 1887, après l’échec de son pamphlet hebdomadaire Le Pal, que Bloy accèdera, avec son premier roman autobiographique, Le Désespéré, à la reconnaissance d’un petit cercle, en dépit de l’insuccès, signant par là-même une déclaration de guerre au naturalisme en assurant le renouveau de la littérature catholique. Néanmoins, sans le sou, Léon Bloy poursuivait une vie de débrouille, d’écrivain prolétaire, fidèle au Christ, vivant d’expédients et de mendicité. Il fallut attendre la rencontre de Johanne Molbech (fille du poète Christian Molbech), en 1889, dans le salon des Coppé, qu’il épousera l’année suivante (époque de sa brouille avec Huysmans), pour que l’écrivain dispose enfin, à défaut du confort, de la stabilité de la vie familiale malgré les déménagements de taudis en taudis, de masure en masure. De cette union naquirent Véronique en avril 1891, André en 1894 (qui décèdera soudainement en 1895), Pierre en 1895 (qui décèdera l’année même de sa naissance), et enfin Madeleine en 1897. Cette union marquera le début de l’œuvre de la maturité, la période des grandes amitiés, et celle d’une création régulière dont son journal littéraire et inédit nous retrace la genèse. Il publiera ainsi en 1892 Le Salut par les Juifs, essai poétique d’inspiration paulinienne retraçant le rôle d’Israël dans l’eschatologie1 chrétienne, en 1894 les Histoires désobligeantes, contes cruels d’une ironie féroce avant l’année 1895 surnommée par Bloy « L’année terrible », en raison de la perte de ses deux fils et de la maladie de sa femme ; ce sera d’ailleurs dans ce douloureux contexte qu’il terminera La Femme Pauvre, entreprise dès 1887, et parue en 1897. Viendront ensuite le journal littéraire dont le fameux volume Le Mendiant Ingrat, édité en 1898, véritable reliquat de la vie de l’auteur et mythe littéraire, avant la rencontre de son éditeur Alfred Valette qui l’associera à l’aventure du Mercure de France, assurant ainsi des revenus stables au Pèlerin de l’Absolu, lui permettant alors de publier Le Fils de Louis XVI en 1900, L’exégèse des lieux communs (1903, 1908), les autres volumes du journal littéraire, et enfin Le Sang du Pauvre en 1909 (ouvrage toutefois publié chez l’éditeur Juven), L’Âme de Napoléon en 1912 ou encore les Méditations d’un solitaire en 1916 publiées en 1917, année de la mort de Léon Bloy, à Bourg-La-Reine où il fut enterré.

La recherche de l’absolu

« Celui qui ne prie pas le Seigneur prie le Diable » écrivit Léon Bloy. Cette citation, fraîchement remise au goût du jour par le Pape François, le jour de son accession au trône de Pierre, est éminemment révélatrice de la pensée du poète et constitue l’épine dorsale de son itinéraire spirituel. Il fut, à la suite de Baudelaire, et avant des écrivains comme Georges Bernanos, Louis-Ferdinand Céline, ou encore Jean-Pierre Martinet, l’un de nos auteurs qui interrogea le scandale du Mal avec le plus d’à-propos, d’acuité et de justesse, ne cessant d’intimer que le désespoir, le fatalisme, la haine du beau, le matérialisme, sont devenus les ressorts de la machinerie diabolique et les expédients par lesquels Satan agit sur nos vies en annihilant notre enthousiasme.

Ce mot de Satan, de malin, que les prêtres même craignent parfois d’évoquer, de peur du ridicule, est bien loin de ce diablotin affublé d’une queue et d’un trident, il est au contraire ce « désespoir », cet Irrévocable dont parlait justement Baudelaire, celui qui divise et corrompt l’âme pour l’éloigner de Dieu, par le simulacre, l’idolâtrie, le péché, l’orgueil, la haine et l’envie ; cet instrument de discorde flattant notre vanité. Ainsi, non loin d’interroger une notion creuse, Bloy nous invite-t-il à scruter nos âmes pour en extraire sa noblesse et sa munificence, dans la voie du dépouillement et de la méditation, par une ascension sans cesse accrue dans l’Amour de Dieu, fondée sur l’imitation du Christ. Mais cette recherche de l’Absolu dont témoigne l’œuvre de Léon Bloy, trouve tout particulièrement écho dans son œuvre romanesque et dans ces deux romans que sont Le Désespéré et La Femme Pauvre, véritables chefs-d’œuvre de mystique, narrant la lutte de Caïn Marchenoir, écrivain-journaliste vomi par le tout Paris littéraire, puis celle de Clotilde Maréchal, une pauvresse aux traits de sainte, contre la médiocrité du temps présent, la bassesse et les mesquineries de l’âme humaine, débusquant ici ou là, les mensonges et les écueils d’une société pour qui l’esprit de lucre seul fait loi et dans laquelle l’héroïsme chrétien n’est plus qu’un martyr tout anachronique faisant la joie des profanateurs et des hypocrites. Léon Bloy ne manquant pas de conspuer, dans la lignée des prophètes par le ton, et d’un Balzac par l’analyse des milieux, la bigoterie des catholiques, l’ignominie du journalisme, l’égoïsme bourgeois, la vilénie des « mauvais pauvres », au point de porter sa prose jusqu’au blasphème envers ce Dieu qui a promis et qui ne vient pas, comme pour le forcer à sortir du silence.

Livres de la révolte, manifestes contre l’esprit retors des sociétés modernes, odes à la pauvreté chrétienne, Le Désespéré et La Femme Pauvre forment donc, à défaut de vies de saints, deux récits de vies exemplaires, contant l’ascension de deux âmes éperdument amoureuses, vers l’unité et la plénitude de Dieu. Enfin, si Le Désespéré se clôt certes sur l’échec de Marchenoir et l’apparente absence de Dieu, La Femme Pauvre se clôture quant à elle sur l’image d’une béatitude que l’humilité voudrait présenter comme inachevée, voire inaccessible, et dont Clotilde Maréchal nous présente la Joie en s’adressant à un prêtre qui la plaint de sa misère : « On n’entre pas au Paradis demain, ni après-demain, ni dans dix ans, on y entre aujourd’hui, quand on est pauvre et crucifié ». Car au-delà des heurts et des tragédies, Léon Bloy parvient à nous communiquer, dans des pages sublimes, la quintessence d’une vie spirituelle, en nous ramenant dans le temps de l’âme, loin, très loin du temps matériel, par de multiples épiphanies2, dans lesquels son talent d’enlumineur rappelle les plus belles visions des mystiques. Et à Bloy d’ériger, dans un style inimitable, deux fresques littéraires, deux « paraboles bibliques », deux récits allégoriques, rejouant, réécrivant, au sein de la modernité, le drame théologique de la Sainte Trinité, l’histoire du Salut. Le Désespéré devient alors le récit figuré de la passion du Christ, contant le sacrifice de Caïn Marchenoir sur l’autel du journalisme, après l’échec d’un amour mystique avec Véronique Cheminot, figure de l’Amour et de l’Esprit-Saint, faute de sa folie ; autrement dit, Le Désespéré, prenant acte de la modernité et de « l’apparente faillite de la Rédemption », nous évoque la scandaleuse impossibilité des noces du Christ et de son Église annoncées dans l’Apocalypse de Jean. Tandis que La Femme Pauvre, s’efforcera d’outrepasser cette aporie, en rejouant le drame des Écritures, à travers le destin de Léopold et de Clotilde Maréchal, afin d’annoncer, la venue du Paraclet ; la Vierge de l’Apocalypse terrassant l’étoile du soir, le Christ en Gloire épousant enfin, à l’heure du Jugement Dernier, son Église.

Bloy possède une langue inimitable, en clair-obscur, qui oscille entre ténèbres et lumière

Ces paraboles, Léon Bloy nous les évoque dans une langue inimitable, en clair-obscur, par une oscillation constante des ténèbres à la lumière, à la manière des peintres médiévaux, rameutant la lumière au centre même de l’enfer parisien, par l’irradiation exalumineuse3 de ses personnages et de ses mots. Le poète cherchant, dans l’enflure du langage, des métaphores et des sons, par association d’idées et correspondances, ce qui le mènera toujours un peu plus au seuil du Mystère, aux portes de la contemplation béatifique, à la connaissance de Dieu.

Léon Bloy, prophète de l’Esprit-Saint

 Parallèlement à son œuvre de conteur et de romancier, Léon Bloy écrivit d’importantes études historiques, ainsi que des essais poétiques, qui retracent son attente de la Parousie4 du Christ et ses spéculations sur le rôle de la troisième Personne Divine : l’Esprit Saint. L’écrivain élaborant une relecture biblique symbolique et allégorique, tentant d’isoler les desseins de Dieu et le rôle de chaque homme dans le plan divin, en le rattachant à l’histoire universelle du salut, selon le dogme de la Communion des Saints5 et la doctrine du corps mystique. Ainsi, tout homme serait surnaturellement un membre de Jésus-Christ et rejouerait, par sa douleur, la Passion du Seigneur, jusqu’au consummatum est, œuvrant par là-même, au salut de l’Humanité.

Le fond de ma pensée est que dans ce monde en chute, toute joie éclate dans l’ordre naturel et toute douleur dans l’ordre divin. En attendant les assises de Josaphat, en attendant que tout se consomme, l’exilé du Paradis ne peut prétendre qu’au seul bonheur de souffrir pour Dieu.

On retrouve là, le sublime « souffrir ou mourir » de Sainte Thérèse d’Avila, et l’inséparable articulation de l’Histoire et du Mystère, qui nous invite à aller au-delà du visible, à interroger les apparences, en vertu de la formule de Saint Paul, « nous voyons comme dans un miroir aux énigmes ».

Le poète, dans une vision prophétique, dépeignant avec pittoresque, un avenir apocalyptique confinant à l’indicible et à l’ineffable, en rattachant les faits et les hommes aux vues de la Providence. Ainsi, Léon Bloy vit dans le destin de Christophe Colomb, de Marie-Antoinette, de Napoléon, du fils de Louis XVI, des empereurs de Byzance et de Jeanne d’Arc, les instruments de Dieu, les figures annonciatrices de cet « Autre » qui doit venir, la « face de Dieu dans les Ténèbres » de ce paraclet-Esprit Saint qui couronnera l’histoire de l’humanité à l’heure du Jugement Dernier.

La pitance de l’âme

« Nous sommes tous des misérables et des dévastés, mais peu d’hommes sont capables de regarder leur abîme » s’écrie Marchenoir dans La Femme Pauvre, sur un ton tout pascalien. Aussi, le temps est-il peut-être venu de s’abreuver de nouveau aux mamelles de l’Art, de la pensée, de l’âme, par la lecture de cette œuvre qui mieux qu’aucune autre, à la fin du dix-neuvième siècle, avait perçu l’impasse de la modernité.

Cette impasse, nous la connaissons, nous la fréquentons, elle réside tout entière dans la haine du Pauvre, dans le primat de la technique, dans l’aliénation à la matière. Ainsi, lire, relire Léon Bloy, n’est peut-être qu’une autre façon de s’extraire de ces temps sans grandeur qui font peu avec beaucoup, quand on faisait autrefois beaucoup avec peu… Le Mendiant Ingrat nous invitant par son ardeur, sa naïveté, ses coups de gueule, sa révolte, son Amour, à outrepasser le fatalisme d’une ère qui voudrait nous arracher notre pitance.

Ainsi, revenir à cette œuvre qui a tout, aujourd’hui, d’un exorcisme spirituel, c’est affronter le mal du temps ; Léon Bloy, substituant à l’amertume des viatiques sans consistance, le froment de l’âme : l’ENTHOUSIASME, ce Dieu qui est nous.

  • 1Le terme d’« eschatologie » vient du vocabulaire théologique, il désigne la doctrine des choses qui doivent advenir à la fin du monde, c’est autrement dit le discours sur la consommation des siècles.
  • 2 Chez les chrétiens, le terme « épiphanie » désigne la fête de la manifestation de Jésus aux Gentils. Par extension, il peut désigner un moment de contemplation en référence à la Révélation.
  • 3« Exalumineux, euse », est un néologisme dérivé du mot « lumineux, euse » auquel a été ajouté le préfixe latin « ex », signifiant hors de, en dehors de. Autrement dit la lumière que dégage un être, une chose, par exemple « un corps exalumineux », un corps qui transsude la lumière.
  • Le mot de « Parousie » est un terme biblique issu du Nouveau Testament signifiant la seconde venue du Christ, à l’heure du Jugement Dernier. Il est souvent représenté en gloire, drapé d’une tunique blanche, auréolé de lumière dans les représentations populaires.
  • 5Dans la théologie chrétienne, le dogme de la Communion des Saints veut que tous les membres de l’Église visible et invisible soient en union profonde.