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© Gregory Sugnaux

Zone Critique vous propose de partir à la découverte de l’artiste Gregory Sugnaux à travers un entretien réalisé par le critique d’art et écrivain Jean-Paul Gavard-Perret. Parole à “celui qui n’aime pas écrire”.

© Gregory Sugnaux
© Gregory Sugnaux

Dégagée de toute anecdote le travail de Gregory Sugnaux est une expérience visuelle mais aussi existentielle. Une pensée “claire” remonte des tréfonds de l’inconscient par une série de manifestations abstraites où se précisent les images de notre incertitude. L’œuvre ne propose jamais la confirmation d’un miroir. L’appréhension du “réel” crée la syncope et le spasmodique et arrache au silence l’innommable qu’il cache. Loin des mélancolies et des nostalgies des ondulations décalent la présence au profit de son soupçon en un envol triomphal. Le sensoriel est nourri de suites d’empreintes sur la blancheur de neige. Elles sont parfois coupées par des éléments de sculpture où le trop brûlant est métamorphosé en glace. D’où ces remarquables sonates en blanc majeur. Entre torsion, dynamisme et un certain minimalisme l’œuvre oblige à fréquenter les limbes du langage plastique.

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Qu’est-ce qui vous fait lever le matin ? Trois jours par semaine c’est le réveil du travail qui me fait gagner de l’argent pour mon autre travail, qui me réveille. Je ne suis pas du matin. Donc les autres jours c’est le premier pipi du matin (ou de l’après-midi, tout dépend) et l’envie de faire plein de choses.

Que sont devenus vos rêves d’enfant ? Je vais essayer d’un réaliser au moins un ; faire ce que je veux, quand je veux, avec qui je veux et comme je veux. Les autres évoluent.

 A quoi avez-vous renoncé ? A essayer de comprendre et à être un voyageur de l’espace.

 D’où venez-vous ? De ma maman.

Qu’avez-vous reçu en dot ? De l’efficacité dans l’action,  beaucoup d’impatience, de la perspicacité, une bonne dose d’intuition, de la naïveté, de la susceptibilité,… et encore beaucoup d’autres défauts.

Qu’avez vous dû “plaquer” pour votre travail ? Rien.

 Un petit plaisir – quotidien ou non ? Prendre du temps pour ne rien faire ou regarder un film.

Qu’est-ce qui vous distingue des autres artistes ? Je ne sais pas. Peut être à vous de me le faire découvrir.

 Quelle fut l’image première qui esthétiquement vous  interpela ? C’est difficile. Peut être les images des dessins animés que je regardais petit. Il y avait des dessins animés originaux encore. Plein d’univers fantastiques : Les Gummies, les Animaniacs, Pingu, Myster Mask, le bus magique, les Razmoket, Inspecteur Gadget, les Moumines, Minus et Cortex, Denver, Batman, … Je pense que ça m’a interpelé.

Et votre première lecture ?  Max et les maximonstres (Where the Wild Things Are) de Maurice Sendak. Les images m’ont aussi beaucoup marqué.

Pourquoi votre attirances vers la sculpture ? Je ne sais pas très précisément. Je fais de la sculpture depuis une année et demi (avant je faisais de la peinture). J’aime la corporalité d’une sculpture et sa confrontation directe avec le spectateur. J’aime créer un monde où le visiteur peut se perdre.

Quelles musiques écoutez-vous ? J’écoute beaucoup de choses différentes, du classique au métal. Je laisse mes amis musiciens me faire écouter des découvertes (rock, musique électronique, blues, chanson française, folk, …). J’ai un sérieux faible pour Alain Bashung. J’écoute beaucoup The Knife, Fever Ray ou Sigur Ros. J’aime beaucoup ce qui vient du Nord en général je crois.

Quel est le livre que vous aimez relire ? Je n’ai encore jamais relu un livre que j’avais déjà lu.

Quel film vous fait pleurer ? Ouf… Beaucoup. Je tire mon Joker sur cette question.

Quand vous vous regardez dans un miroir qui voyez-vous ? Moi et mon manque de confiance en moi.

A qui n’avez-vous jamais osé écrire ? Personne. Je n’aime pas écrire.

Quel(le) ville ou lieu a pour vous valeur de mythe ? Je ne sais pas.

Quels sont les artistes dont vous vous sentez le plus proche ? Mes amis. Ceux avec qui je partage mes envies, passions, idées mais aussi mes peurs, mes doutes, questionnements.

Qu’aimeriez-vous recevoir pour votre anniversaire ? J’aimerais bien recevoir beaucoup de matériaux différents ; peinture, toiles, béton, polystyrène,… et aussi des nouveaux que je ne connais pas encore. Afin d’essayer, d’expérimenter beaucoup de choses même si c’est de la merde. Juste ne pas avoir peur de gâcher du matériel en faisant n’importe quoi, et donc de dépenser trop vite de l’argent.

Que défendez-vous ? J’essaie de défendre mon travail. L’imagination, la créativité et plus naïvement la liberté.

Que vous inspire la phrase de Lacan : “L’Amour c’est donner quelque chose qu’on n’a pas à quelqu’un qui n’en veut pas”? Ça ne m’inspire pas beaucoup en fait. Ça me laisse perplexe devant la difficulté des relations humaines. Ça me rend triste aussi.

Que pensez-vous de celle de W. Allen : “La réponse est oui mais quelle était la question ?” Je l’aime. Il se fout poliment du monde.

Quelle question ai-je oublié de vous poser ? Je ne vais pas ajouter une question à laquelle j’aurais de la peine à répondre.

  •  « GRÉGORY SUGNAUX », Galerie 3000, Berne, Suisse du 16.01. – 31.01.2015
© Grégory Sugnaux
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