L’écriture peut-elle apaiser la douleur d’un deuil ? Elle permet en tout cas de ressusciter la figure disparue, celle qui n’existait « pour presque personne », mais qui était tout pour la narratrice. Un texte émouvant d’Emma Gardner sur la force d’une relation, vivante encore, même après la mort.
Je ne saurais dire si tu me manques plus que je n’ai mal, ou si j’ai plus mal que tu ne me manques.
Ce que je sais parfaitement, c’est l’intensité de la douleur au creux de ma poitrine et le falot intarissable de larmes qui coule dans ma gorge à chaque instant.
Papa disait toujours : « la vie est injuste ».
Il avait raison. La vie ne t’a pas épargnée. Un jour tu souffrais, l’autre tu me sauvais.
Tu m’as sortie de la maladie. Oui, j’ose le dire ! Une maladie dont les mots sont si laids, psychiatrie, anorexie, suicide. J’aurais aimé, moi aussi, pouvoir romancer ce passage de ma vie. Faire comme si ce n’était qu’une crise d’adolescence. Ne pas avoir eu si peur.
Je me fiche des règles de la prose. Notre histoire est trop tragique pour s’en ...