Mettre des écouteurs, sortir les cheveux gras, lancer des regards noirs, choisir un jogging plutôt qu’une robe… Toutes les femmes connaissent ces astuces pour éviter le harcèlement de rue. Et toutes connaissent aussi leur inefficacité. Que reste-t-il alors comme arme ? La rage pure, celle qui vient « couper les langues et les queues »pour en finir, enfin, avec les porcs.
C’est arrivé une fois, deux fois, trois fois, après je n’ai plus compté.
Mon visage mon cul mes seins ne sont plus les miens.
Mon corps est un garage sans fond.
SALOPE !
DONNE TON 06 !
T’ES BONNE !
On ne sait jamais quoi faire pour qu’ils s’arrêtent. Ils crachent des mots sales, avalent les femmes, qui vivent la peur dans les os.
Ça commence à l’école. Touche-pipi sous la jupe, c’est un jeu, vilaines mains qui tyrannisent, ne pas en faire un drame, surtout. De nos jours, on raconte beaucoup trop pour presque rien, les grands disent:
BOUCHE TA BOUCHE, PANSEMENTS SUR LE CORPS, ET TU T’HABITUERAS.
Demain, je mettrai un jean pour pas qu’on me touche.
Ado, c’est les amis du père, sales sur eux, bourrés, yeux vitreux et phrases salaces. Ça regarde dans les soutifs (je me cache de la main). Je me sens crade, moi aussi, parfois plus qu’eux, et je ne sais pas bien pourquoi. C’est peut-être moi qui balise pour rien. Fameuse zone grise, pas assez grave pour en parler. Pourtant réelle la gerbe de voir des vieux baver sur moi. C’est pas beau de grandir avec ces gars autour. Arracher m...