L’art du swipe s’apprend. Le choix de son partenaire aussi. Pour Mira Migraine, l’amour est comme une boîte de chocolats : on ne sait jamais sur quoi on va tomber.
J’ai repoussé ce rendez-vous jusqu’au tout dernier moment possible. J’ai longuement et vaguement accepté, déprogrammé, refusé, reprogrammé et repoussé pendant deux années entières. J’ai fini par céder dans un grand moment d’ennui. Le lieu de rendez-vous choisi est à quelques minutes de chez moi. L’homme vient me chercher en voiture. Il vient d’un peu loin, je ne le savais pas, je l’apprends quelques minutes après le début de notre conversation. L’établissement est quasiment vide en ce mercredi soir. Mon gloss rosé s’éparpille rapidement sur le contour de ce verre que j’essaie de ne pas boire trop vite, me rappelant que je n’ai pas assez mangé aujourd’hui et que je devrais manger, chose que je me promets de faire une fois rentrée.
J’ai hâte de me casser de ce mauvais rendez-vous. Il ne m’intéresse pas. Il ne me plaît pas. Je m’ennuie. Je n’installerai plus jamais Tinder.
Je me saisis à plusieurs reprises de mon téléphone et me demande ce qui peut bien se trouver au bout. Je finis par le poser écran contre la table pour me forcer à ne plus le regarder. Je pense à y toucher, chose que je ne fais pas. J’ai du mal à discuter, me contente de répondre. C’est vrai qu’il a de belles mains et comme j’aime beaucoup les belles mains, je regarde beaucoup ses mains quand il me parle ; je regarde toujours beaucoup les mains d’un homme qui me parle.
Depuis ce matin, une phrase tourne dans ma tête : « le bonheur n’est réel que s’il est partagé. » Non, à dire vrai, ce n’est pas vraiment ça. La formulation exacte est en anglais, « happiness only real when shared », et je m’agace car je n’arrive pas à trouver c...