Quand un professeur érudit demande à ses élèves d’inscrire des citations au tableau, il ne s’attend pas à voir son savoir mis à l’épreuve. Une punchline mystérieuse, un poème inattendu, et soudain, la frontière entre littérature classique et culture urbaine s’efface. La classe retient son souffle… jusqu’à la révélation. Un texte mordant de l’écrivain Nicolas Krastev-Mckinnon. 

En première année de classe préparatoire, notre professeur de littérature – un bonhomme éminent, à la démarche lourde et académique – nous invitait à inscrire sur le tableau noir, au début de chaque jour et en attendant son arrivée toujours solennelle, des citations littéraires qu’il commenterait.

Grisés par cette liberté d’afficher, nous répandions nos fragments : « Eh bien, Titus, que viens-tu faire ? », « Car j’aimais tant l’aube, que déjà ma mère me l’accordait en récompense… », « Exister, c’est se boire sans soif. »  Alors, il dépliait les phrases, éclairait leurs mystères, et nous impressionnait de son regard érudit. Classe mystifiée, prestige assuré. 

Un matin de novembre, une de mes camarades a écrit ces trois lignes au tableau : 

« Crucifié sur une caravelle
sous l’œil éternel 
d’une étoile filante. » 
Haïku sénégalais, auteur inconnu.

Découvrant ce poème, notre commentateur en chef s’empressa d’y relever « l’harmonie des sonorités », « l’efficacité de l’oxymore central », ainsi que « l...