C’est dans les vieux pots qu’on fait les meilleures confitures, dit-on… Ou dans les pères de famille, mariés et friands de drôle de prestations. Avec ce texte, aussi cruel que réaliste, l’autrice Sabine Audelin fait d’une chambre à coucher, le lieu d’exploration de tous les sentiments. 

Sur le portable de Steve, deux gosses joufflus lui servent de fond d’écran. Des petits rouquins édentés qui fixent l’objectif l’œil rieur, glace à la main. 

Il est soit père, soit prédateur, les deux étant toutefois compatibles. 

Ma grossesse à moi ne se voit pas encore, mais il va bien falloir que je lui dise. Pour le moment, je joue avec le feu et tire sur sa corde pour mettre des sous de côté. Bizarre, ce couperet. La Maman et la Putain, deux événements mutuellement exclusifs. Moi, enceinte, je vends un corps qui abrite deux vies. 

Est-ce si tordu que ça ? 

Quelques jours plus tard, le téléphone de Steve a sonné pendant que je le fistais. 

Sans sourciller, il a saisi son iPhone posé sur ma table de chevet et répondu d’une voix neutre. C’est l’école de son fils. J’ai entendu la voix chevrotante d’une vieille secrétaire scolaire, du genre à porter un cordon à lunettes serti de perles bon marché, à ployer l’échine, broyée par le poids d’années toujours plus défaillantes à servir l’Éducation Nationale. Martin, son fils...