J’ai changé l’économiseur d’écran de mon MacBook avant de sortir,
je ne sors jamais dehors pour dîner sauf que ce soir je suis dehors.
Assis seul avec un verre de vin au bar du Lutèce.
Les sirènes hurlent à l’extérieur, le tintement des couverts, le gazouillis incessant des gossips— ma tête bourdonne, littéralement.
Il y a cette fameuse chanson qui passe que vous connaissez peut-être.
Merci Randy ! Tu apportes des vibes américaines dans une soirée bien trop française.
Ce soir je suis dehors et bourré.
Les néons sont grands et maléfiques, les ombres portées des lampadaires, noires et plates,
les immeubles, le trottoir, la peau des piliers de bar, tout est délavé et granuleux.
Je lève les yeux vers les lumières impassibles des façades haussmanniennes, la ville n’est pas hypothétique, elle est là.
FUCK les scientifiques agoraphobes
mon écriture a besoin de notes de ce que je vois. Je suis un anthropologue urbain.
Je n’ai pas mis les pieds dans un fast-food depuis des années mais je suis bourré.
L’atmosphère à l’intérieur est synthétique,
comme enveloppée dans un linceul en plastique jaune.
Ça me rappellera toujours elle
et les frites qu’elle trempait dans son Coca Light,
j’ai vu la vraie elle à McDonald’s et c’était d’une beauté aveuglante.
Vous êtes-vous déjà assis dans une salle bondée à l’heure de la pause déjeuner Les corps sont entassés comme des gratte-ciels,
le même repas hâtif, insipide, sous des yeux qui ne se lèvent jamais,
la course effrénée d’une synecdoque moderne eh bien,
les gens sont, en eux-mêmes, une ville.
Je partage mon nom avec une actrice allemande des années 30,
la grosse tête névrosée de Paris, la star de ...







