À l’occasion de son premier long métrage, Le rendez-vous de l’été, Valentine Cadic prolonge l’univers délicat esquissé dans Les grandes vacances. Avec les Jeux olympiques en toile de fond, elle suit Blandine, jeune femme à la fois lunaire et attachante, en quête de sa sœur dans un Paris survolté. Un film discrètement libre, qui fait de l’errance et du décalage une manière douce de résister au tumulte du monde contemporain.

Valentine Cadic s’attache à ancrer son cinéma dans des lieux et des contextes singuliers, comme si chaque film devait capter quelque chose d’un territoire, d’un moment collectif, d’une mémoire diffuse. Omaha Beach, son premier court métrage, ressuscitait les fantômes du débarquement en Normandie ; Les grandes vacances, quant à lui, prenait pour cadre un modeste camping niché au pied des montagnes, explorant les frictions douces de la cohabitation estivale. Avec Le rendez-vous de l’été, Cadic élargit encore son champ d’observation, en choisissant pour toile de fond les Jeux olympiques de 2024. Elle y reprend le personnage de Blandine, déjà apparue dans Les grandes vacances, et l’abandonne dans la foule bigarrée venue du monde entier, à la recherche d’une sœur qu’elle n’a pas vue depuis dix ans.

“Le long-métrage cultive une sensation rare d’immanence — où le simple fait d’être là, d’exister en bordure du mouvement général, devient déjà une expérience pleine.”

Ce cinéma de l’instant, du flottement et de la quête intérieure semble s’inscrire dans la lignée de Guillaume Brac — autre explorateur des lisières entre l’intime et le collectif —, tout en héritant de la légèreté feinte et du regard spontané d’un Jacques Rozier. L’ombre de Rohmer plane également, notamment celle du Le rayon vert, dans cette manière de scruter, avec une patience bienveillante, une héroïne vacillante, traversée d’hésitations, de silences et de mouvements contraires. Mais chez Cadic, ces filiations sont comme traversées par un prisme contemporain : l’anxiété latente, le flou identitaire, l’incapacité croissante à nommer ses désirs viennent troubler la limpidité apparente du dispositif.

Si la question posée demeure fondamentalement la même — comment articuler le privé et le public, l’intériorité et la scène sociale ? —, elle se voit déplacée dans un présent où cette frontière est de plus en plus poreuse. Dans une séquence d’interview au début de Les rendez-vous de l’été, qui fait écho à une scène dans Les grandes vacances, Blandine mêle sans transition souvenirs personnels et considérations générales. Elle parle trop, ou pas assez ; elle dévie, s’excuse, revient, digresse. C’est dans cette confusion affective, cette parole désarmante, que réside la beauté du personnage — et sans doute, aussi, l’élan du film.

Suffoquant sous le soleil et sous la joie

Le film s’ouvre sur des images d’archives des Jeux olympiques de 2024 : grain vidéo, couleurs saturées, euphorie contrôlée. Ce matériau, paradoxalement daté et contemporain, installe d’emblée un décalage temporel, comme si le présent était déjà mémoire, déjà révolu. Paris y apparaît dans toute sa densité estivale, comme surexposée à elle-même, traversée de flux humains et d’élans collectifs.

Au sein de cette foule, Blandine, jeune provinciale un peu lunaire fascinée par la nageuse Béryl Gastaldello (qui j...