Poèmes Karaoké suit le fil d’un amour entre deux femmes, vécu dans l’intensité du quotidien puis marqué par l’absence. Il n’y a pas d’intrigue au sens classique, mais un mouvement affectif clair: le désir naît, se partage, puis se fragilise et laisse place au manque. Les poèmes racontent cette trajectoire à travers des fragments très sensoriels –odeurs, gestes, textures– en mêlant des scènes intimes à des détails très concrets (un café, un lit, une plante, un train). L’écriture est libre, souvent brève, proche de l’oral, parfois répétitive, comme pour faire durer ce qui s’éloigne. Le recueil compose ainsi une sorte de journal éclaté, à la fois tendre, cru et mélancolique. 

Fragmentaire, physique, sensoriel, ce livre suit surtout la présence d’une amante jusqu’à sa disparition, dans une écriture qui tient du souffle, de la fièvre et de l’évidence. Dans ce recueil, il est effectivement question d’un amour vécu et perdu, d’un corps aimé dont l’absence finit par tout traverser. Les poèmes suivent le fil des jours, des gestes répétés, des fragments de peau, des souvenirs logés dans les détails : une odeur, une phrase, une chaleur laissée dans un lit.

Le récit est dispersé, fragmentaire, comme la mémoire quand elle s’accroche à ce qui reste. On y lit le désir, le quotidien, l’attente, la rupture, dans une langue directe et sensorielle. C’est une histoire qui tient dans un souffle, dans l’après-coup d’un amour qui continue, même quand tout s’est arrêté.  En elle, la parole circule comme dans un karaoké : reprise, interrompue, reprise encore, parfois volée ou balbutiée. L’ensemble du recueil propose une forme de lyrisme horizontal, quotidien, traversé de cris discrets, de phrases orales, d’obsessions concrètes. Il n’y a pas d’élévation, mais une intensité qui surgit par en dessous dans un café refroidi ou d’une plante qui pousse à contretemps. 

“Fragmentaire, physique, sensoriel, ce livre suit la présence d’une amante jusqu’à sa disparition, dans une écriture qui tient du souffle, de la fièvre et de l’évidence.”

Un amour vécu, puis disparu

L’intrigue se tient dans le corps : dans ce qu’il sent et ce qu’il attend pour toujours. De fait, elle commence par une lecture qui bouleverse la narratrice, un recueil lesbien, lu à voix haute, réveille un désir enfoui, une mémoire charnelle tandis que l’amour surgit dans les textes, dans les mots dits à haute voix, dans l’atelier d’écriture : « moi je veux activer ta circulation ». Le texte devient corps. L’élan commence là.

Puis l’amour a lieu. Il se vit dans les détails  les fraises, les petits déjeuners, les rires dans l’herbe, les odeurs, la salive, les myosotis. C’est un amour partagé, joyeux, tactile également, et le poème tente de suivre les gestes à la manière d’une main qui effleure le corps de l’autre et se munit de la plume pour écrire. En effet, la voix narrative s’en émerveille : « je rêve couchée dans l’herbe »,  « quelle chance de voir la beauté », « je fais le lit / to...