La littérature comme au-delà des jours, art le plus fragile car le plus humain, le seul dont la nature soit absolument vierge. Tentative de sauver des êtres « mystérieusement occupés d’exister ». Faillite apparente. Prendre le désespoir par les cornes. Entrevoir l’humour et la joie derrière le tragique. Se souvenir de spectacle infiniment émouvant d’une beauté qui s’incarne : Malte Laurids Brigge se perd dans les méandres de La Dame à la licorne, le passé d’A.O. Barnabooth jaillit des eaux de l’Arno, le capitaine Charles Ryder connaît son épiphanie dans un château hanté… Humblement se glisser entre les pages pour en recueillir quelque grâce comme les abeilles de Delphes puisaient une eau transparente à la source sacrée.
Dans la vaste production contemporaine de vadémécums sans âme, Patrick Leigh Fermor est un éternel jeune homme qui jouit d’une solitude miraculeuse. Cet exilé volontaire nous parle depuis le refuge qu’il a patiemment édifié près de Kardamylè, dans le sud du Péloponnèse. Aux confins de la littérature et de l’histoire, sa voix résonne comme l’ultime […]
Avec Requin, récit humoreux d’une noyade dans un lac artificiel, le musicien Bertrand Belin se révèle subtil et intrigant dans le traitement des lubies de son personnage en sursis. « Comme une pierre jetée dans l’eau : les cercles qui vont s’agrandissant témoignent simplement de son engloutissement. » Frédéric Berthet, Simple journée d’été L’écriture du suicide, pour peu qu’elle […]
En ressuscitant Évariste Galois, François-Henri Désérable, jeune écrivain de 27 printemps, se projette dans la légende d’une figure échevelée et fait résonner, dans une prose aussi espiègle que maîtrisée, l’un de ces envers de l’Histoire chers à Balzac. L’essor du romantisme, cette affection de l’âme et des nerfs qui s’acoquina bien des garçons du stupide XIXème siècle, […]
Après Larrons, François Esperet publie Gagneuses, second panneau enténébré d’un retable lyrico-épique qu’il consacre à l’univers des putains et des vauriens, « idoles indifférentes au cri des paumes » et « princes dérisoires de la nuit ». Il y a des jours comme ça… un froid dimanche de février pour être précis. Par désœuvrement on allume la radio et l’on […]
Avec Gaudriole au Golgotha, Louis-Henri de la Rochefoucauld passe en trombe du berceau au tombeau, quand il ne fait pas station au bistrot. Un programme libre aussi réjouissant qu’imparfait. Le péplum biblique ferait-il les beaux jours de la rentrée littéraire ? A peine dissipé le Royaume d’Emmanuel Carrère, voilà qu’il nous faudrait escalader le Calvaire ? Le […]
S’improviser chef de rayon dans la vaste galerie des idées reçues serait faire un sort bien injuste à Frédéric Berthet (1954-2003) qui, dans Le Retour de Bouvard & Pécuchet, son dernier livre réédité aujourd’hui chez Belfond, prenait par la main les deux compères là où Flaubert les avait laissés, inachevés. Le goût des écrivains rares […]