L’écrivain Nicolas Krastev—Mckinnon s’est laissé happer par le monde sucré des cigarettes électroniques. Entre l’addiction féroce et l’impossible recherche de la bouffée parfaite, il explore dans ce texte l’empire de dépendance bâti par notre société d’enfants, où nos mauvaises habitudes font de la mort une expérience ludique.
Je suis tombé dedans comme un idiot.
« Essaye, tu vas voir, ça fonctionne bien ! », m’avait lancé un ami pour me convaincre. J’avais toujours méprisé les cigarettes électroniques. Je trouvais cela faux, kitsch, et pas assez agressif. C’est que je voulais brûler, peut-être.
Peu convaincu, j’ai tout de même acheté une première cigarette jetable, goût raisin glacé. Les premières heures, rien de grandiose. Un petit goût de sucre, d’accord, mais pas de paradis. Pourtant, j’ai persévéré. Quelques jours plus tard, un autre ami m’a donné l’adresse d’un magasin de cigarettes non jetables, et j’ai investi dans un modèle haut de gamme, design et perfide. Cette fois-ci, goût myrtille glacée.
En quelques semaines, ce petit bolide s’est introduit dans mon quotidien à une vitesse que l’on n’imagine pas. Je vapottais sans arrêt. Le pire, c’est que je n’avais pas a...