Le problème des couples heureux, c’est qu’ils s’ennuient. À travers Ceinture, son premier roman publié chez Calmann-Lévy, Céline Robert révoque le cliché du triangle amoureux pour en faire une boucle de désirs où cinq personnages s’attirent, se trompent et se poursuivent. Écrit avec vivacité, humour et une ironie tendre, ce court récit choral explore les failles de la fidélité et les vertiges de l’inclination contemporaine.

« Est-on vraiment obligés de vivre dans un putain de Woody Allen ? se demande Lauren ». Céline Robert débarque avec Ceinture et, bonne nouvelle : elle ne croit pas à l’amour éternel et prend même le contre-pied de Jane Austen. À quarante ans passés, Lauren, protagoniste principale de l’œuvre, s’ennuie. Elle a un mari professeur à Sciences Po, respectable intello, probablement du genre à corriger des copies en buvant un thé tiède. Bref : un type parfait pour qu’on ait envie de le tromper. Alors elle le trompe. Avec Maxime, son collègue. Maxime est l’archétype du mec qu’elle déteste avant de se dire qu’elle pourrait quand même lui sauter dessus. Il est lourd, nombriliste, graveleux. Il parait donc irrésistible au cœur de la fadeur quotidienne.
Et comme l’autrice a le sens de la perversité subtile, elle fait en sorte que la femme de Maxime, Nadia, brillante avocate en burn-out, se découvre une attirance subite pour Emma, leur baby-sitter. Emma, elle, a le béguin pour Jean, mari de Lauren. Le triangle amoureux, figure classique de la littérature de Stendhal à Tolstoï en passant par Flaubert, se voit ici remplacé par un quadrilatère d’un genre résolument scabreux.
Tromper, c’est parfois se retrouver
La fidélité est un hobby de gens en manque d’imagination. Ce que Robert, ancienne correspondante de presse, raconte, ce n’est pas la déloyauté comme drame bourgeois. Pas de morale, pas de pathos. Juste ce frisson du « pas bien » qui rappelle qu’on est vivant. Un instant f...