Alors que Trump a lancé de vastes opérations anti-migrants, soulevant une partie de la population à Los Angeles, la lecture de Coyote de Sylvain Prudhomme s’ancre malheureusement dans une actualité sensible.

Après avoir imaginé un personnage d’autostoppeur dans un roman précédent (Par les routes), Sylvain Prudhomme prend la route à son tour, polaroïd en poche et pouce levé vers le ciel brûlant de la frontière américano-mexicaine. En inversant le processus créatif, Prudhomme fait du réel sa matière première. L’auteur consigne les récits des automobilistes et ses pensées solitaires. La structure même du livre épouse les contours du voyage en stop : imprévisible, morcelée, faite de départs précipités et d’arrivées incertaines. Un texte-constellation de voix et d’attente sur le bord des routes, entre chaleur écrasante, conversations rugueuses et beauté sauvage des paysages. 

De Tijuana à Brownsville

« Les passeurs sont les coyotes, les migrants les pollos (poulets). Pendant ce voyage, est-ce que je serai un coyote ? Un poulet ? » l’écrivain Sylvain Prudhomme s’interroge, lui qui a parcouru la frontière Mexique / États-Unis en auto-stop, et sur plus de 2 500 kilomètres. À travers ce périple, il redéfinit les contours de la frontière : invraisemblable quoique réelle, poreuse quoique bétonnée. 

Ne comptant que sur les hommes qui décident de s’arrêter pour lui offrir un siège – plus ou moins propre et plus ou moins dangereux – la solitude de l’auteur rencontre celle des automobilistes. Des identités qui se croisent, forçant le hasard pour créer des situations qui n’auraient pas existé autrement. 

Au fil des pages, une galerie de portraits défile. Il y a Juan, le chauffeur de taxi mexicain qui s’emporte contre « este gran hijo de la puta madre de Trump » ; María la professeure de graphisme à Brownsville ; Great, l’ancien marine afro-américain ; José, l’ouvrier mexic...