Armé de ses souvenirs et d’une tendresse douce-amère, Sean Wang rembobine le temps jusqu’en 2008, quand les adolescents se cherchaient entre Facebook, MSN et le béton des skateparks. Pour son premier long-métrage, le réalisateur brosse le portrait cru d’un âge bête et offre un plongeon intime dans les méandres d’une jeunesse connectée mais déboussolée. Une madeleine de Proust pour quiconque a grandi avec un clavier pour confident.

*comment embrasser une fi…*

*supprimer*

*comment déterrer une capsule temporelle ?*

En 2008, Sean Wang avait 14 ans, il découvrait MySpace, fuguait de chez lui, avait des boutons, foutait sa cagoule, et apprenait à faire des ollies dans un garage. Une quinzaine d’années plus tard, le jeune réalisateur taïwanais-américain nous replonge, avec Dìdi, dans cet âge d’or de la Gen Z, où avoir 13 ans est une lutte.

Dans sa ville natale de Fremont, en Californie, en attendant sa rentrée au lycée, Chris, alias Wang Wang pour ses amis, ou Dìdi pour sa famille (le petit frère en mandarin) alterne entre sa chambre et l’école des trottoirs. Coincé entre ces deux échappatoires, Chris ne demande plus la permission pour sortir de table, où il passe son temps à insulter sa sœur, outrer sa grand-mère et désoler sa mère. 

Après Nai Nai & Wài Pó, son court-métrage oscarisé sur ses grands-mères, Sean Wang, s’est armé de la même tendresse documentaire pour faire éclore Dìdi au sein du Sundance Lab, d’où il est reparti auréolé de deux récompenses. Cette œuvre intime puise dans les souvenirs d’une adolescence forgée sur le modèle universel du petit con que l’on a tous un peu été. À travers son portrait d’un âge ingrat, Dìdi rend finalement hommage à la résilience de l’amour maternel, qui, malgré la phase poop, farts & fury de son garçon, console ses rêves déchus dans une patience pleine de bonté.

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À travers les errances initiatiques de Chris, qui se cherche dans le MySpace d’un temps révolu, Sean Wang souhaite surtout à raconter internet avec un petit i, celui des individus, celui de Chris. Parce que personne n’a attendu Chat GPT pour demander des conseils de drague à un chatbot, Sean Wang nous plonge dans les premières heures d’un monde numérique très vite devenu la nouvelle sphère d’éducation des jeunes générations. Sur cette interface virtuelle, Chris cherche ses modèles et copie-colle des identités en surfant sur des forums, chattant sur MSN, et trouve la réponse à ses questions existentielles sur des tutos YouTube. Entre un emoji envoyé à Madix92 et une vidéo douteuse de TheDIYGuys, Chris aime surtout poster des vidéos de ses amis et lui faisant les 400 coups dans leur quartier. 

“Parce que personne n’a attendu Chat GPT pour demander des conseils de drague à un chatbot, Sean Wang nous...