Encore un film ! Présenté au festival de Locarno en 2025 en compétition officielle, le nouveau projet du cinéaste roumain Radu Jude, Dracula, se présente comme un long-métrage ludique et malicieux. Jouant avec l’usage de l’intelligence artificielle, le cinéaste décline le mythe transylvanien à l’excès, au risque parfois de vampiriser jusqu’à la mort l’attention de son spectateur.

La liberté est le mot d’ordre du prolifique Radu Jude, qui connaît cette année les honneurs d’une rétrospective au Centre Pompidou. D’Aferim! (2015) à Kontinental 25 sorti cette année, le Roumain ne cesse de réinventer sa pratique cinématographique, avec un seul mot d’ordre : s’autoriser explorations et sorties de route. Cet amateur de Tristan Tzara, qui revendique de ne pas chercher à faire de films réussis, revient cette année avec une adaptation très libre d’un mythe propre à sa région natale, Dracula. De la même manière qu’il intégrait toute sorte de nouveautés formelles dans ses films précédents – réseaux sociaux, filtres déformants – le cinéaste met les outils de l’intelligence artificielle au service d’un nouveau film foutraque et post-moderniste à bien des égards.
Partant d’un mythe qui lui-même a été vampirisé jusqu’à la moelle, Radu Jude met en scène une sorte d’alter ego (incarné par Adonis Tanța, le livreur de Kontinental 25) sommé d’écrire un film sur Dracula par une industrie cinématographique qui n’a qu’une ambition : les remakes. Las ! Le voilà qui demande à une intelligence artificielle de l’aider à réaliser ce film qui ne l’inspire pas. Et puis, après tout, comment passer après de nombreux réalisateurs comme Coppola, si ce n’est en remontant et en détournant son œuvre ? Cette dernière lui conseille de suivre à la lettre la formule que semble appliquer inlassablement tout nouveau cinéaste qui se décide à réécrire la même légende : de l’érotisme, un peu d’action et des blagues graveleuses. Avec une telle recette, comment ne pas plaire au public ?
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