Il faut parfois essayer de parler à la hauteur d’un écrivain et avec Orion Scohy ça oblige à emmener l’interview vers les images (la vidéo show le schizo), le texte spatial au lance-flammes et vers des sons inédits (sur bon vieux mp3, mais de lianes en lianes). L’interview à la papa, ce ne sera pour cette fois.
Orion Scohy est parvenu entre deux « non, non », entre deux « non non, je n’écris pas vraiment, à peine des ébauches des débuts, des rognures textuelles rédigées en apnée de sommeil parado-do-xal… » – à placer trois textes-livres chez POL. On pourrait en déduire que cette prouesse là le pose en écrivain, mais lui n’en semble pas tout à fait sûr, je serais assez tenté de le dire tout net : Orion Scohy est un écrivain, mais j’ai peur que Orion Scohy s’en dispense comme à l’approche de trois tours de stade un jour de pluie sale où il est très malade – la courante.
Alors pour m’entendre dire « Orion Scohy est romancier » n’y comptez pas trop, sachant que Romancier dans mon univers intime – et chez mon libraire – entre indiscutablement sur un registre injurieux / insultant / infâmant, et aussi je ne veux pas me fâcher avec Orion car je veux une préface en plaqué or pour mes livres à paraître chez Maramarabou et Larmes à Temps Éditeur.
Tout au plus s’il y a/ avait roman chez Orion Scohy cela sera/ait involontaire ou intentionnel justement par refus ou riposte – sac de riz par la Poste à la sortie d’un mariage où le conventionnel ultra poussif de la meute romancière réceptionne à hauteur de nœud Pap’ ou de décolleté grammatical. En gros : à la hache ; à la louche : s’il y a écrivain si il y a roman dans les livres de O. S. – les cris et les S.O.S – , il y a roman-louche écrit par un écrivain louche (top là ; on s’accorde là-dessus, Orion (On fait voter tes trente lecteurs/trices déjà orgasmé(e)s pour valider cette note de lecture ou la jeter à la mer ??)
Voyez : l’on vous parle de textes – sans absolument rien vous en dire – je garde pour moi mes précieuses annotations de lectures, la ribambelle de big lol méga hi hi hi hi qui m’ont fait me fendre bien largement jusqu’à l’os, de l’oreille à la clavicule sans souci de me recoudre à la Rimbaud à la UHU en ayant gagné victorieux le rire de la décennie –
J’aurais pu rester dans l’Histoire de la littérature-monde avec ce cut-up là : pioché dans les trois premiers livres d’Orion. Chez qui, répétons-le, toujours pas trop en vue de roman de la rentrée ni de simple non roman-roman – bien Et vis dada-ment ! ! On sent davantage l’épitaphe de l’auteur après trente mille pages publiées : Écrivain en devenir.
Orion est un écrivain post-post-post-post-post-mo. La catégorie la plus classe – et cool ! – des catégories d’auteurs hors catégories.
C’est là où – ralenti esthétisant et flou qui succède à plein de péripéties et d’émotions – le presque roman vous fait un petit salut amical avec son corps, sans écharpe ni tricot. La page semble nue quand on oublie les recherches formelles antérieures pour mieux regarder vers les arts contemporains et y aller avec du texte-giclure-d’images, du dispositif mangé par l’idée-explosion-chaos-cannibale. Le retour au moderne tout en morve et en va-comme-je-te-roule-hyper-bien-le-être-en-dandy-qui-s’ignore-et-comment-je-te-lance-ça-spatialement-avec-joie-des-danses-improvisées-lignes-spasme-du-maintenant, le gros beau bon jeu de la finesse et du gros rire est lui aussi post-post-post-post-post-mo.
Question 1 : Ton non-roman et donc roman-avéré (scientifiquement) est-il une amorce de dialogue empêché sur la place -ou l’absence – de post-modernisme dans la création / production de littérature contemporaine et dialogue adressé à un unique lecteur : Norman Bates ?
Question 2 :Qui crache dans ta bière presque vide ?
Question 3 : A quelle liane te raccroches-tu quand tu comprends que la liane va se briser quand tu vas la toucher ?
(Lignes et lianes, mention spéciale : Florian Parra est compositeur)
- La page d’Orion Scohy chez POL
Entretien réalisé par Christophe Esnault