Écrivain et universitaire, Benjamin Hoffmann a été saisi par la lecture de Murakami. Après avoir passé un an et demi plongé dans les livres du maître japonais, il a voulu rendre compte de ce choc esthétique en lui consacrant untexte saisissant, Je suis Murakami, qui constitue le premier hors série de notre collection Vrilles.

Zone Critique : Tout d’abord, comment vous est venue cette idée ? Pour le lecteur, il y a une sensation presque jouissive de voir l’écrivain devenir personnage. Pourquoi avoir choisi Haruki Murakami pour une telle fiction ?

Benjamin Hoffmann : Comme toutes les idées pour mes livres, celle-ci s’est imposée à moi, à l’improviste. On vit, on écrit quelque chose et tout à coup, une image se présente et vous force à ouvrir une nouvelle page sur votre ordinateur pour la décrire, la développer. Je ne sais jamais où je vais quand je commence un livre, c’est une question de principe : l’aventure dans le récit est toujours redoublée par l’aventure de l’écriture du texte. Dans le cas de cette histoire, sa rédaction a été précédée par une longue immersion dans l’univers de Murakami. En un an et demi, j’ai dû lire plus de trois mille pages de cet auteur : Le Passage de la nuit, 1Q84, Kafka sur le rivage, Les Chroniques de l’oiseau à ressort, Saules aveugles, femmes endormies, La Course au mouton sauvage et aussi ces récits plus brefs, qui n’appartiennent pas au réalisme magique, comme La Ballade de l’impossible et Au sud de la frontière, à l’ouest du soleil. Pour un écrivain – c’est une déformation professionnelle – il n’y a pas d’expérience gratuite, le monde existe pour aboutir à un livre. La question se pose systématiquement : que vais-je faire avec cette expérience, de quelle manière puis-je la métamorphoser en texte ? Or, la lecture de Murakami a bel et bien été pour moi une expérience, un véritable choc esthétique, et j’ai éprouvé le besoin de faire quelque chose avec, à savoir un récit où l’auteur lui-même jouerait le premier rôle.

ZC :Avec cette histoire, vous interrogez le statut d’écrivain à succès et ce que cette posture provoque. On sent que vous vous amusez à jouer avec l’égocentrisme de l’auteur reconnu et son besoin de reconnaissance. Vous allez jusqu’à écrire : « Comme si, tout un coup, je n’étais plus rien ». Que souhaitiez-vous nous dire sur les conséquences de ce métier ?

BH : Il faut revenir à ce que Murakami lui-même écrit au sujet de son hygiène de vie, dans des textes comme Autoportrait de l’auteur en coureur de fond ou Profession romancier. Il y a chez lui un dévouement complet à la littérature qui a peu d’équivents à notre époque (l’exemple de Joyce Carol Oates, immense romancière et scriptrice infatigable, vient également à l’esprit). Concrètement, Murakami passe sa vie à écrire. Littéralement. Des journées de huit, dix heures de travail sont entrecoupées par des activitiés comme la course à pied et la musique qui n’ont d’autre but que de recharger sa puissance créatrice afin de lui permettre de recommencer le lendemain. Avec Murakami, on dépasse le dévouement à la littérature (qui présuppose une séparation, l’aspiration d’un être à atteindre un idéal supérieur) pour passer à la confusion avec la littérature, à l’avènement d’un être qui est une machine à produire du récit. Un tel individu qui perdrait ses livres perdrait du même coup son identité, l’essence même de sa personne qui est passée dans ses livres. C’est au fond cet être-au-monde-pour-le-livre qui est celui des écrivains véritables et de Murakami en particulier que j’ai voulu questionner.  

ZC : Si votre portrait de Murakami est plutôt affectueux, vous abordez tout de même la stratégie de ses écrits. Vous parlez de son ambition de fidéliser son lectorat et de créer l’évènement immanquable lors de chaque nouvelle parution. De cette manière, vous rappelez que la littérature est aussi un marché, et cela ressort d’autant plus avec le personnage de Koko Nakamura. Cela vous importait ?

BH : Vous avez raison, mon portrait de Murakami est affectueux, il est même davantage que cela : il est immensément admiratif. Murakami – je l’ai d’ailleurs écrit il y a quelques années dans L’Atelier du roman – est à mon sens le plus grand écrivain de notre temps. Le plus grand, en effet, car je ne connais pas dans la littérature contemporaine un seul exemple d’univers à ce point en extension. Lire Murakami, c’est plonger dans un espace en expansion permanente, un espace qui n’en finit pas de grandir, de se déployer, en générant au passage des galaxies, des comètes, des voies lactées. Tout commence par quelque chose d’anodin – un coup de fil étrange, une chanson des Beatles qui surgit à l’improviste – et c’est comme l’allumage du Big Bang : l’univers romanesque commence son processus de dilatation. S’il n’y avait pas cet objet fini entre nos mains, le livre et le nombre des pages qui diminue, on pourrait croire à l’essor d’un mouvement illimité.

Murakami est à mon sens le plus grand écrivain de notre temps

Mais Murakami, en effet, est aussi un artiste qui a une conscience profonde de son style, de sa marque, au point de jouer avec, de faire du Murakami – un peu comme Quentin Tarantino qui s’amuse parfois à se parodier lui-même, à reprendre jusqu’à la caricature les codes qu’il a lui-même inventés. Et ce Murakami est aussi un business à lui tout seul, il y a des voyages touristiques au Japon qui s’organisent pour visiter les lieux évoqués par ses œuvres, un musée qui lui est consacré à Tokyo, une collection de T-Shirts inspirés par ses livres. Cela ne me choque pas une seconde. Il s’agit d’un auteur qui transcende l’opposition entre littérature littéraire et littérature populaire pour conjoindre les deux, pour faire de la grande littérature et un même temps de la littérature commerciale, commerciale au sens où elle se vend mais également au sens où elle se prolonge sous la forme de produits dérivés qui circulent au sein de l’économie capitaliste. Certains le lui reprochent mais c’est à mon sens l’effet de la jalousie ou d’une application étroite de la théorie rebattue selon laquelle l’art véritable est nécessairement ésotérique, réservé à une élite, à des initiés. Murakami dépasse ces vieux clivages. Par contre, il y a une autre forme de littérature commerciale dont il est question dans Je suis Murakami, celle que représente le personnage de Koko Nakamura. Cette littérature est essentiellement différente de celle de Murakami car elle ne trouve pas son origine dans un univers personnel, dans une vision singulière du monde. Elle est au contraire la reprise passive et servile de mots d’ordre, d’une pensée toute-faite, d’une transgression prête à l’emploi qui a l’air d’être de la réflexion libre alors qu’elle adopte sans distance critique un discours qui lui préexiste. Cela, c’est une autre forme de littérature commerciale, qui, elle, à mon sens, mérite bien une dégradation symbolique, parce qu’elle a renoncé d’emblée à l’usage indépendant de la pensée. Elle mime la littérature, elle prend des postures mais en profondeur, elle est dépourvue de substance. 

ZC : Vous montrez aussi l’importance et l’influence du contexte dans le processus d’écriture et de quelle manière un livre raconte et incarne une époque. Cela est particulièrement visible lorsque Murakami décide de réécrire « La ballade de l’impossible » mais ne peut s’empêcher quelques modifications. C’est quelque chose que vous ressentez-vous-même ?

BH : Assez peu, et c’est peut-être un tort de ma part, ou l’une de mes limites. La question du contexte de production n’est pas primordiale pour moi, au sens où je ne me demande pas en commençant un livre de quelle manière il va représenter l’époque dans laquelle il s’inscrit. J’ai plutôt tendance à débuter par quelque chose de plus intime parce que la littérature, telle que je la comprends, doit répondre à un besoin irrépressible. C’est une idée à laquelle je reviens souvent, que j’ai d’ailleurs reprise à la fin de mon essai, Les Paradoxes de la postérité, parce qu’elle est une étoile polaire dans mon travail, cette idée de Rilke : « Une œuvre d’art est bonne si elle provient de la nécessité. Dans cette façon de prendre origine réside ce qui la juge : il n’est pas d’autre jugement. ». Les seuls livres qui méritent d’être écrits sont ceux qui ne nous laissent pas tranquilles, ceux qu’un besoin impossible à contrôler nous pousse à entreprendre. En revanche, il y a un rêve qui consiste à reprendre ses livres à mesure que l’on évolue soi-même, à contester le caractère irrémédiable de la publication – qui implique une coupure, la séparation définitive entre l’auteur et ce texte qui ne lui appartient plus à la seconde où il a signé le « bon à tirer » – afin de perpétuellement retravailler ses ouvrages, de les remettre sans cesse sur le métier, dans l’espoir qu’ils tiennent compte de l’amélioration progressive de votre technique comme écrivain et de l’enrichissement de votre expérience du monde comme individu. C’est ce que fait Murakami dans mon récit, où il se dit que, puisque la chance lui est donnée, littéralement, de réécrire ses livres, il pourrait leur faire refléter ce qu’il est devenu depuis le moment de leur parution. Je crois que ce fantasme est assez fréquent chez les écrivains et que sans le risque de mourir trop tôt, nous serions nombreux à l’assouvir : le fantasme de ne pas lâcher son œuvre, de la faire progresser avec soi jusqu’au dernier moment et de la donner aux autres in extremis ou à titre posthume.

https://zone-critique.com/boutique/je-suis-murakami/

ZC :Un peu de la même manière que dans le film de Franck Capra « La vie est belle », est proposée une autre version du présent à travers un monde dans lequel ses livres n’auraient jamais existé. Ce « murakasans » se transforme en une vraie leçon d’humilité puisque Murakami réalise que l’absence de ses livres, pourtant à succès, ne change pas réellement le cours des choses mais permet de constater une influence dans la production littéraire. Vous en profitez pour faire l’éloge de la magie et de la fantaisie qu’il a apporté dans la littérature. Est-ce une manière pour vous de remettre les écrivains à leur juste place ?

BH : Il est vrai que dans « Murakasans », l’auteur observe que la réalité politique et sociale qu’il découvre est fondamentalement la même que dans « Murakavec », le monde où ses livres sont célèbres. Mais à mesure qu’il se familiarise avec ce nouvel univers, il constate non seulement que la littérature produite par ses collègues a changé mais que l’esprit général de ses contemporains est désormais distinct parce qu’il manque de fantaisie, de spontanéité ou, pour reprendre un terme qui est important dans l’essai de Murakami, Profession romancier, qu’il manque tout simplement de joie. Donc je ne dirais pas que les écrivains sont remis à leur juste place au sens où ils seraient rabaissés, rappelés à leur condition d’amuseurs, d’inventeurs de mondes artificiels, mais au contraire qu’ils sont élevés à la place qui est vraiment la leur, une place qui reconnaît leur capacité à créer le monde dans lequel nous vivons collectivement.

Murakami a « étendu les frontières du pensable » et sa contribution consiste à avoir illustré la porosité entre le monde réel et la magie

Murakami, je l’écris dans le texte, a « étendu les frontières du pensable » et sa contribution consiste à avoir illustré la porosité entre le monde réel et la magie. Quand vous lisez Murakami, vous constatez qu’il suffit de descendre d’un taxi arrêté sur une autoroute pour entrer dans un monde parallèle, qu’un ami décédé vous attend dans une maison isolée par la neige, qu’un labyrinthe souterrain prolifère sous Tokyo. Ce n’est plus le même monde que vous avez sous les yeux car votre capacité à vous émerveiller est renforcée, revigorée, car votre attention aux êtres et aux événements se trouve vivifiée par votre désir de trouver ces points de passage, de transition vers l’imaginaire. C’est en cela qu’un auteur comme Murakami change en profondeur notre perception au point de nous faire habiter un monde différent. Regardez un chat qui erre seul dans la rue après avoir lu Murakami et vous verrez qu’il vous conduira dans son univers.  

ZC : Ce qui touche peut-être le plus dans votre texte, c’est Yoko, son épouse. Finalement, à deux reprises, Murakami fait preuve d’indifférence envers elle. Un écrivain est-il un égoïste par nature ? Faut-il cesser d’écrire pour réellement s’adonner aux autres ? 

BH : Vous posez là une question fondamentale, une question qui est au cœur du texte mais aussi une question qui me préoccupe particulièrement en ce moment spécial dans ma vie où je viens de devenir père. Là encore, je crois que pour y répondre il faut revenir à l’hygiène de vie du romancier, une hygiène de vie qui implique une durée incompressible de solitude. Très concrètement, écrire exige un effort constant, un effort quotidien dans le meilleur des cas, et cet effort s’accompagne d’une concentration intellectuelle qui, pour être obtenue, vous éloigne obligatoirement des autres. On écrit à côté, en parallèle des autres, mais il y a une distance physique et mentale à creuser et maintenir pour être en mesure d’accomplir ce travail. D’où le risque toujours présent de trop se couper des autres, de faire passer l’amour de l’œuvre en cours – qui est, soyons honnêtes, une manifestation parmi d’autres de l’amour propre – avant l’amour que l’on éprouve pour ses proches. La solution à ce problème, je ne la connais pas, parce qu’on ne peut pas concilier deux absolus, l’absolu de la quête artistique et l’absolu de l’amour pour un enfant. D’où une forme de culpabilité constante, de tiraillement incessant entre ce qu’on doit aux autres et ce qu’on doit à l’œuvre et cette impression d’échouer sans cesse, sur les deux tableaux. C’est aussi le problème de Murakami dans mon texte. Yoko est un peu comme l’auteur d’après Flaubert, présente partout, visible nulle part. Elle est indispensable à Murakami qui se repose sur elle des nécessités de la vie pratique, dans Murakavec comme dans Murakasans, mais il est à peine question d’elle car, au fond, il ne la voit pas, il a un rapport instrumental à son épouse (j’ignore tout des rapports du vrai Murakami avec sa femme, ici, je parle uniquement de mon personnage). À travers elle, j’ai voulu rendre hommage à celles et ceux qui rendent possibles le travail des artistes, à celles et ceux que les artistes vampirisent et utilisent de façon plus ou moins éthique afin de construire leur œuvre. Tous les chefs d’œuvre s’édifient aux dépens des autres, ils sont des prix que font payer les artistes à leur entourage. J’aimerais bien qu’il en aille autrement mais je pense que c’est la vérité : le temps dévolu aux livres, quelque justification qu’on lui donne, est toujours dérobé à autrui.

ZC :Ce texte raconte la magie du hasard ou du destin, et la possibilité d’autres scenarii. Vous l’illustrez particulièrement à travers cette phrase : « Je suis devenu romancier parce qu’un Américain a frappé dans une balle de baseball à Tokyo en 1978. » Déjà, est-ce vrai ? et en tant qu’écrivain, qu’est-ce que le hasard ou le destin vous inspirent ?

BH : Comme dans tous les récits fondateurs, il y a sans doute une part de reconstruction rétrospective, de figuration symbolique de soi. Tout, dans ce récit que Murakami a donné de la naissance de sa vocation, pourrait faire l’objet de gloses sans fin. Que le plus américain des romanciers japonais trouve son acte de naissance dans la performance d’un Américain à Tokyo, résonne magnifiquement avec cette autre anecdote, fondamentale pour comprendre son style, à savoir la décision prise par Murakami, au commencement de son œuvre littéraire, d’écrire d’abord en anglais puis de se traduire en japonais afin de trouver sa propre voix. En ce qui concerne le hasard et le destin dans mon travail, vous avez raison, je pense que ce sont des thèmes fondamentaux pour moi, des thèmes auxquels je reviens souvent, sans doute parce que j’ai fait, comme chacun d’entre nous, l’expérience d’événements douloureux au cours de ma vie, de coupures brutales qui ont dessiné un avant et un après, et la question se pose irrésistiblement au terme de ce type d’expériences : ces ruptures, étaient-elles inévitables ? En quoi la logique du conditionnel passé – j’aurais pu faire ceci ou éviter cela – décrit-elle des décisions que vous aviez authentiquement la liberté de prendre ? C’est une question qui se retrouve en particulier dans mon roman, L’île de la Sentinelle, où elle s’articule au thème du déjà-vu : en quoi l’expérience cognitive d’une familiarité avec un événement qui vient tout juste de se produire est-elle le signe d’un destin en train de s’accomplir ? 

ZC : Quel a été l’impact de l’existence des livres d’Haruki Murakami pour vous ? Pour ceux qui ne l’auraient toujours pas lu, vous recommandez de lire lesquels ?

BH : Vous savez ce qu’on dit : on reconnaît les grands écrivains à leur capacité à nous donner l’envie d’écrire. C’est ce qui s’est passé dans mon cas. Après ces mois de lecture dont j’ai parlé, ces milliers de pages qui m’ont rendu son univers familier, il y a eu tout un processus de métabolisation de son esthétique qui s’est fait à mon insu, jusqu’au moment où, avec cette soudaineté qui caractérise la naissance de mes textes, le désir d’écrire un ouvrage relevant du réalisme magique s’est imposé à moi. Cet ouvrage s’appelle Les Minuscules, il est paru en 2024 chez Gallimard et c’est la preuve la plus importante de l’influence des livres de Murakami sur moi. Comme je le disais, son univers a travaillé en moi, j’ai mêlé l’influence de ses livres à ma culture littéraire sinon à mon identité de dix-huitiémiste, en imaginant la rencontre entre Giacomo Casanova et les créatures minuscules qu’il évoque dans son roman utopique publié en 1787, L’Icosaméron. Une lecture attentive de ce texte y découvrirait des traces très murakamiennes : comme dans 1Q84 où l’on rencontre des « Little people », des être liliputiens habitent Les Minuscules ; et comme dans l’œuvre de Murakami où les puits reviennent avec la fréquence d’un leitmotiv obsédant (voyez les Chroniques de l’oiseau à ressort), il y a tout un imaginaire des profondeurs de la terre qui est développé dans mon texte. Quant aux livres par lesquels commencer, je pense qu’il faut avoir à l’esprit qu’il y a au moins deux Murakamis, deux Murakamis que l’on pourrait faire entrer, en forçant un peu les choses, dans les catégories du baroque et du classique. Il y a le Murakami baroque des grands romans où le réalisme magique est exploré, des romans comme Kafka sur le rivage, La fin des temps,et 1Q84 qui est peut-être son livre le plus ambitieux et abouti et celui que je recommanderais donc en premier. Et puis il y a le Murakami des narrations classiques, qui ont la pureté de La Princesse de Clèves et d’Adolphe, des narrations plus brèves, condensées, où c’est la psychologie du personnage principal – et, essentiellement d’ailleurs, la psychologie d’un personnage principal qui échoue à formuler ce qu’il est, qui cultive un être-au-monde radicalement à côté, un individu qui est parallèle aux autres comme la magie est la voisine du réel dans les romans baroques – qui se trouve au cœur de la narration. Dans cette catégorie, on pourrait citer des textes comme L’Incolore Tsukuru Tazaki et ses années de pélerinage ou bien ceux que je mentionnais plus haut et dont il est également question dans Je suis Murakami, Au sud de la frontière, à l’ouest du soleil et La Ballade de l’imposible, ce dernier ayant propulsé la popularité de Murakami à des niveaux stratosphériques lors de sa publication en 1987. C’est peut-être mon préféré et celui que je conseillerais à celles et ceux qui veulent découvrir cet autre Murakami : un écrivain de la retenue, aussi magistral dans l’art de la sourdine que dans le fortissimo, dans la sonate que dans la symphonie. Murakami, au fond, est un immense musicien.

  • Je suis Murakami, Benjamin Hoffmann, Zone Critique, « Vrilles », 2024.