Publié aux éditions Blast, La Chambre aux scellés est le premier recueil poétique de l’auteurice et scénariste Florence Rivières. Rythmé par trois sections, ce livre tisse les mécanismes intimes de la mémoire traumatique. L’écriture y est en proie aux ellipses. À travers les silences et les blancs, elle se transforme en fragments de souvenirs et ravive les sensations douloureuses d’une relation abusive passée.

Dans quelle langue énoncer la violence – psychologique, physique et sexuelle ? Florence Rivières travaille par effacement. Le texte est empreint d’une ponctuation « blanche », qui donne une cadence à la page et aux poèmes. Cette mise en page aérée laisse entendre les omissions et le souffle court qu’imposent les sévices quotidiens. Elle révèle la difficulté à se remémorer les événements traumatiques, à les verbaliser et à être écouté·e, quand la normalité dans laquelle on est englué·e équivaut à la peur et à la brutalité…
« Un jour j’ai réalisé la différence / entre normal et son inverse / si, / quelques minutes plus tard / je ne pouvais rien / me rappeler du tout / c’était mauvais signe. »
Ces suspensions typographiques insistent peut-être aussi sur la nécessité de se reprendre, de se répéter, pour se convaincre et arriver à fuir la relation d’emprise. La survie se cache parfois entre des « mensonges ciselés » et une douce litanie.
« Si les silences forgent nos êtres autant que nos mots et nos actions / alors les miens murmurent / que je m’éloigne / de jour en jour »
La mémoire du corps
Habitué à la violence depuis l’enfance, le corps se dérègle sans cesse à son contact. Les molécules de « dopamine » et les hormones « adrénaline » et « ocytocine » – qui composent les trois sections du livre – ne parviennent plus à être des boussoles face au...
















