« Ce roman, je l’ai écrit avec les mots que je n’ai pas pu dire. »
Trois ans après La Familia grande, récit coup de poing sur le silence et l’inceste, Camille Kouchner revient en librairie, mais choisit cette fois la voie de la fiction. Avec Immortels, publié au chez Le Seuil, elle s’émancipe du cadre autobiographique sans renier les tensions intimes et politiques qui traversaient son précédent ouvrage. C’est un roman court et bouleversant, qui interroge l’enfance, le genre, l’effacement et lces liens que la vie, parfois, ronge comme une maladie.

Un dialogue fantôme, un corps en mutation
Le récit s’ouvre dans une chambre d’hôpital. K., la narratrice, lutte contre un cancer du sein. Allongée, fiévreuse, elle s’adresse à Ben, son ami d’enfance, son double perdu. Ils ont grandi ensemble, comme frère et sœur sans lien deu sang. À travers ce monologue à deux voix, l’une présente, l’autre absente, se dessine l’histoire d’une séparation : celle qu’imposent les corps, la société, et la violence sourde d’une éducation faussement libérée.
“On était frère et sœur sans l’être. Immortels. C’est ce que je croyais.”
Le cancer incarne ici la maladie du lien. Chaque chapitre emprunte son nom au lexique cellulaire : « Mutation », « Division », « Métastase ». Le corps abîmé reflète une mémoire blessée, rongée par l’absence.