Le Musée Carnavalet héberge jusqu’au 16 Mars l’une des expositions hors les murs du Musée Galliera « Roman d’une garde-robe, le chic d’une parisienne de la Belle Epoque aux années 30 ». Une telle coopération entre le musée de l’histoire de la ville de Paris, capitale de la mode et le Musée Galliera, réunissant une collection riche reflétant les codes vestimentaires en France depuis le XVIII e siècle ne pouvait que promettre en qualité et pertinence.
Le mois dernier, l’exposition Cartieret sa liaison avec l’Histoire m’avait particulièrement déçu et je n’avais pas hésité à le remarquer. Aujourd’hui je ferai l’éloge de la véritable page d’histoire de style que ce « Roman de Garde Robe » nous offre. Si la volonté première des commissaires était de rendre hommage à la famille par l’exposition de leur donation, celle ci n’en a pas moins éclipsé sa pertinence.
Un choix pertinent
Il n’y avait pas meilleure idée que de présenter la garde robe d’une Parisienne de 1870 aux années 30 pour nous expliciter l’évolution du vêtement pendant une période on ne peut plus fertile de changements radicaux. Qui plus est, ce n’est pas une personnalité quelconque mais plutôt celle d’une première vendeuse chez Chéruit, l’une des maisons de couture les plus renommées de l’époque, et dont la mère était couturière en robe. Nous sommes ainsi assurés de pénétrer dans un univers vestimentaire en étroite relation avec la mode et les courants contemporains.
L’exposition a tenu ses promesses, les pièces de Worth, Lanvin, Chéruit traduisent les goûts sûrs et représentatifs d’Alice Allaume, et les documents d’archives tels que les extraits de magazine (Gazette du Bon Ton) et dépôts de modèle (qui avait déjà fait l’objet d’une très intéressante exposition au Crédit Municipal), apportent un éclairage plus scientifique.
Le tout est présenté d’une manière délicate, le superflu éliminé. La scénographie nous laisse ainsi tout le loisir de s’attarder dans la découverte des 400 pièces exposées, dans un double cadre celui d’une garde robe personnelle, elle même parfaite allégorie du milieu parisien de la mode.
Un double héritage
Le parcours est révélateur de la véritable intention des commissaires de sans cesse mettre en parallèle la garde robe personnelle d’une femme de goût avec un milieu parisien de la mode en constante évolution, faisant d’Alice Allaume une ambassadrice mais aussi un prétexte pour revenir sur cette période particulièrement intéressante.
On a donc à faire avec un exemple servant de fil directeur à un cours théorique en accéléré sur le milieu de la Belle Époque aux années 30. Une mise en abîme de points de vue romançant l’histoire de la mode, la rendant plus accessible et ludique. S’adressant au grand public, celle ci est une bonne introduction à une étude plus détaillée d’un sujet passionnant, une incitation à approfondir la visite dans les salles du Musée Galliera récemment réouvert.
- « Roman d’une garde-robe, le chic d’une parisienne de la Belle Epoque aux années 30 », Musée Carnavalet, 17 octobre 2013 – 16 mars 2014
Cassandre Morelle