Un motel, un diner, une pompe à essence. Un pactole. Des flingues. Le constat est sans appel: Last Stop, Yuma County est un néo-western et nous sommes bien aux États-Unis. Avec son sens du coup d’éclat et son humour parfois acerbe, le film de Francis Galluppi tente de marcher dans les pas de Tarantino et des frères Coen mais reste malheureusement à la traîne.

Plus une goutte de pétrole et la prochaine station service est à plus de cent kilomètres. Quand passera le camion-citerne ? D’ici quelques minutes, dit-on depuis trois heures. En attendant, il n’y a rien à faire dans ce coin perdu d’Arizona, si ce n’est commander un café, discuter avec la serveuse et se laisser convaincre par une part de tarte à la rhubarbe (la meilleure du pays, paraît-il).
Loin des thrillers course-poursuite et des westerns galopants, Francis Galluppi enferme ses personnages dans un huis clos à priori anodin. Dans ce diner, en attendant l’essence, le cours de la vie se suspend. Un représentant en couteaux, personnage principal sans nom, doit traverser le pays pour fêter l’anniversaire de sa fille ; il attendra. Charlotte, la serveuse, s’occupe des commandes en espérant le soir et les retrouvailles avec son mari, chef de la police du comté. Quant à Sybil et Miles, jeune couple parodiant les protagonistes du génial La balade sauvage de Terrence Malick, ils errent dans le coin en rêvant de méfaits et d’aventures. Mais dans l’immédiat, les voilà coincés sur une table, sans voiture et sans climatisation, à s’ennuyer ferme. Sauf si la vieille Pinto verte au pare-chocs défoncé, garée sur le parking, était en réalité celle du braquage de la banque de ce matin, et que les deux voleurs se retrouvaient eux aussi bloqués au motel. Là, bien sûr, ça changerait tout.
“À force de multiplier les clins d’œil, Francis Galluppi ne parvient pas à imposer son style propre et son film finit par manquer d’incarnation.”
Chauffage à froid
Last Stop, Yuma County est un film sans détour. Francis Galluppi ne cherche à faire ni dans la finesse, ni dans l’interprétation : les méchants ont des têtes de méchants, l’imbécile une dégaine d’imbécile, et les menaces jouent franc jeu. Le réalisateur américain abandonne donc aussitôt la piste de l’investigation pour se lancer dans les intimidations à tout va et les vacillem...