Laurène Marx est une autrice dont l’œuvre interroge à la fois les questions de genre, tout comme les questions politiques et normatives qui rythment, comme diffractent, notre société. Je vis dans une maison qui n’existe pas est un récit à trous dont les vides reflètent les conséquences du silence et des traumatismes vécus par la protagoniste, Nikky. A travers un récit bouleversant, elle explore ainsi les confins et méandres de son esprit diffracté par une santé mentale infectée par certaines réminiscences. Les frontières entre la vérité et l’illusion, entre passé et présent, se confondent pour ouvrir la voie à une introspection poignante et douloureuse des souffrances qui la tourmentent au point d’aliéner son existence elle-même.

« Je m’appelle Nikky et je vis dans une maison qui n’existe pas… parfois je prends trop de médicaments aussi », écrit la protagoniste au début de l’ouvrage. Par cette introduction, elle plante le décor d’une réalité altérée par la prise quotidienne de médicaments. Celle-ci recrée un univers au sein de l’univers, une nouvelle réalité venant se superposer à l’ancienne, de nouveaux murs remplaçant les certitudes effondrées. Comment décrit-elle la vie dans une maison qui n’existe pas ? Comment les fondements de son passé ont-ils donc été brisés ?   

Le principal bourreau de la protagoniste n’est autre que son passé dont les ombres continuent de détendre sur son quotidien : les nuages de son enfance obscurcissent ainsi les lumières de sa vie en construction. Les « nuages » dont le substantif et les ombres se répètent tout au long de l’ouvrage, poursuivent la protagoniste, mettant en lumière ses pensées sombres et troublées. Les nuages dansent don...