Sélectionné à la Quinzaine des réalisateurs à Cannes, ce premier long-métrage croque une bande d’amis avec franchise et tendresse. Seulement, le titre donne lieu à un malentendu. N’y lisez pas « les filles désirent » mais bien les filles-objets de désir, car c’est davantage le point de vue masculin que filme Prïncia Car. Un choix qui désarçonne mais qui questionne, en creux, l’identité de la jeunesse marseillaise.

Omar, sa petite amie Yasmine, et leur bande de potes – que des mecs – gèrent un centre aéré. Seule ombre sous le soleil tapant de Marseille : le retour de Carmen, une amie d’enfance et ex-prostituée. Alors qu’elle rêve d’écrire une nouvelle page de sa vie, son passé la rattrape et occasionne moult conversations au sein du groupe, sur l’amour, la sexualité et la place de la femme. Seule la dernière partie du film, bienvenue après des dialogues d’un sexisme affligeant, offre une bulle d’air salvatrice pour les femmes comme pour les spectateurs.
Rien de nouveau sous le soleil
Visage doux, sourire étincelant, Yasmine assiste en riant aux bêtises de ses amis. Après avoir sifflé des passantes dans la rue, les joyeux drilles philosophent : les femmes qui veulent coucher sont toutes des putes, mais eux ont droit de rêver de sexe. Normal : si eux assouvissent leur désir, c’est uniquement parce qu’une femme leur a sauté dessus. Le conciliant chef de bande Omar fait mine de les sermonner, mais oh, surprise !, il pense au fond la même chose, comme nous le révèle sa relation avec Yasmine. En femme respectable et pure, celle-ci se préserve pour leur mariage. D’ailleurs, hors de question qu’elle se maquille ou sorte, même entre copines, sinon c’est une pute.
En somme, l’entièreté des dialogues, portés en majorité par des hommes, tourne autour d’une même idée de la femme : celle-ci ne peut désirer. Les hommes risqueraient de tomber dans ses perfides filets, tout innocents qu’ils sont. Au vu de ce manque d’originalité dans la rhétorique sexiste, on attend en vain que Prïncia Car déjoue ces schémas de pensée patriarcaux. Étant donné que le débat semble déjà vu (les femmes seraient mamans ou putains), le réentendre plus d’une heure conforte le spectateur dans ses propres valeurs, sans que le film nous pousse à penser contre nous-mêmes, en dévoilant par exemple pourquoi cette dichotomie rassure précisément les héros. Si on peut admettre que la réalisatrice refuse de juger ses personnag...