Sélectionné à la Quinzaine des Cinéastes à Cannes en 2024, Sister Midnight puise autant dans le cinéma muet que dans le cinéma de genre. Dans cette farce vampirique, le réalisateur Karan Kandhari décortique avec acuité et facétie le destin de couples mariés de force et mal assortis. Mordant.

Prenez Sister Midnight d’Iggy Pop et écoutez sa lancinante mélodie. D’abord légèrement dissonant, presque répétitif, le morceau se mue soudainement en un air douloureux, sous l’influence d’une guitare électrique. C’est peu dire que le film dont il porte le nom est à son image : Sister Midnight, de l’artiste multidisciplinaire Karan Kandhari, raconte la longue descente aux enfers d’une jeune femme qui se retrouve, du jour au lendemain, mariée à un vague ami d’enfance et reine d’un foyer qui n’en a que le nom. Incapable d’embrasser le rôle conjugal qu’on attend d’elle, la jeune Uma (Radhika Apte) tente peu à peu d’apprivoiser son quotidien (et surtout son mari apathique, qu’elle ne croise que de temps à autres). 

À défaut de devenir une fée du logis, elle se dégotte un job de femme de ménage dans une grande entreprise, à quatre heures de chez elle à pied. La voilà condamnée à un labeur nocturne. Ce carcan étriqué canalise sa soif de vie. Révolte ? Ses désirs se traduisent en des pulsions animales et vampiresques, qu’elle peine à contrôler. Oiseaux et petites chèvres deviennent des apéritifs de luxe qu’elle place sous ses dents acérées, une fois la nuit venue. 

 “Exit l’errance de Robert de Niro. Voici celle de Radhika Apte, bien plus violente, colorée et criminelle.”

Étrange amas de formes, qui va du film de genre – au pr...