C’était en octobre 2023 au Teatro Argentina de Rome. Dénudée, la majestueuse salle du Théâtre National italien laisse voir ses coursives, ses tubes et ses imposants piliers. Dans une pénombre verte et silencieuse, un sifflement perce de loin en loin. Un filet de souffle qui se perd et semble chercher les limites des parois. Le nouveau spectacle de Boris Charmatz à retrouver au Centquatre (Paris) du 8 au 10 février explore avec la vivacité du souffle – le corps du sommeil. Somnole est à la fois une danse dans les limbes, un voyage et une proposition de langage. 

Le danseur-chorégraphe est également depuis 2022 directeur de la Tanztheater Wuppertal Pina Bausch. L’exploration à la fois narrative, dramaturgique et anatomique que propose sa création Somnole nous rappelle en effet l’héritage de Pina Bausch et de son théâtre dansé. Ici, B. Charmatz cherche l’inspiration dans le sommeil. D’abord d’ailleurs les corps endormis, immobilisés par le confinement, moment auquel il commence à imaginer son spectacle. De là, on comprend qu’il s’agit d’une exploration de l’espace intérieur, aussi bien celui dans lequel on se trouve enfermé que celui constitue nos possibles : notre propre corps, notre propre esprit. Le souffle, le sifflement qui rythme tout le spectacle devient ainsi une auto-partition, le fil rouge autogénéré de ce voyage intérieur. Il se fait également paradigme de l’exploration et de la narration : la recherche qui advient lors de ce spectacle n’est pas celle d’un propos mais bien d’un langage.