Le premier roman autobiographique de Thibault Daelman, L’entroubli, est une plongée dans une enfance parisienne confrontée à la précarité, la solitude et la honte. Un récit personnel et universel, qui interroge le poids du regard social et le désir de s’en émanciper par l’écriture.

De la nécessité d’écrire

Dans L’entroubli, Thibault Daelman tisse le récit de l’enfance par excellence. Il retourne vers ces événements, parfois anodins, souvent fondateurs, qui l’ont façonné. C’est un long voyage vers le passé, traversé d’éclats de lumière et d’ombres épaisses. Avec une écriture précise, fine et immensément poétique, l’écrivain raconte une enfance parisienne marquée par la précarité et le chaos affectif.

« J’ai souvent senti le regard appuyé et lointain du jugement se porter sur moi sur cette différence qu’on m’inventait et qui s’appelait “pauvreté”.»

Le lecteur est très vite plongé dans un appartement encombré, miroir d’un véritable désordre émotionnel. Tenu par une mère autoritaire, peu affectueuse mais dévouée, le foyer est déserté par un père fantomatique qu’il est interdit d’aimer. La fratrie de cinq enfants semble tiraillée et dominée par un aîné turbulent, à part, qui détonne dans cet équilibre fragile, au bord de l’explosion.

Dans ce noyau familial, la parole semble entravée. Le langage devient alors un refuge, une chambre à soi. De ce besoin d’espace naît la nécessité d’écrire.

« La ville éclaire ce qui sans elle serait la nuit. »

Dès les premiers mots, une promesse s’esquisse, celle d’une langue tenue, poétique, presque incantatoire, qui transcende le réel sans jamais l’adoucir. L’écriture de Thibault Daelman séduit par sa finesse, bouleverse par l’émotion qu’elle diffuse, subtile et profonde. Elle épouse les silences, les fait vibrer, les transforme en matière sensible. Rarement une voix...