Rupture, déraison, amour et traumatismes enfouis sont au cœur de ce roman à la jouissive amertume, porté par des personnages aussi navrants qu’attachants.

Des reflets déformés de nous-mêmes
Après Feu, incandescent de désir et d’insoumission, après Western et ses stéréotypes trop marqués bien qu’assumés, Maria Pourchet poursuit sa plongée dans ce qui agite les vies et les cœurs d’aujourd’hui. Elle porte un regard sans concession sur la cristallisation amoureuse de Stendhal et sur son pendant gidien, sur le désir et sur l’envie de rien, sur la maternité et sur le couple – aube comme crépuscule. Ses personnages sont de sages caricatures, leurs traits tout juste suffisamment forcés pour faire rire, pour que le pathétique affleure sans jamais l’emporter sur la véracité, sur la pertinence du propos qui se camoufle derrière leurs remords et les trémolos de leur voix.
“L’héroïne qui tressaille, biche aux abois après avoir détalé dans les premières pages, s’être « arrachée » à ce foyer qu’elle ne supportait plus, à ce mariage dont elle ne voulait plus”
« En réalité, le passé vient d’arriver. Le passé s’installe à l’instant où on exécute la décision d’en finir avec ce qui ne s’appelle déjà plus une existence. »
Ils sont insupportables mais attachants – ils rappellent ceux que nous sommes, ils nous déforment légèrement, grossissent nos défauts, exagèrent nos drames et minimisent nos tragédies. Au détour d’une phrase, ils se transforment en nos proches, semblent soudain un reflet de notre propre visage avant que l’illusion ne s’efface et que la verve de Maria Pourchet balaye le sérieux du moment. Toujours, de sa plume libre, heurtée, elle sait trouver l’équilibre entre cocasserie...















