Une femme quitte son compagnon. Elle le laisse avec leur fille, s’installe dans un hôtel voisin et s’organise pour la voir régulièrement. À partir de ce point de départ à la fois intime et profondément social, Maria Pourchet déploie une écriture vibrante et singulière, loin des clichés — une langue joyeusement exigeante, mais qui s’égare parfois dans ses propres fulgurances stylistiques.

Le réel comme matière du style

Depuis une dizaine d’années, Maria Pourchet détonne dans le paysage littéraire français. On avait aimé Champion, on s’était embrasé avec Feu, Western nous avait emporté, Tressaillir nous fait, eh bien, tressailli. Et ça marche, le programme de Pourchet parvient, ici encore, à s’appliquer. Dans les œuvres de cette autrice, on savoure une narration maîtrisée. Les intrigues avancent avec justesse, sans précipitation ni longueur, ménageant leurs surprises et peignant avec finesse les situations. Son style, lui, est affirmé.

Incise : Qu’est-ce qu’un style affirmé ?

Mille réponses possibles à cette question et prenons-en une pour voir :

Un style littéraire affirmé désigne une écriture s’émancipant des stéréotypes, et cherchant à donner à voir le réel depuis l’expérience – quelque peu personnelle, intime, située – que l’on en a, plutôt que depuis des représentations pré-existantes. Ainsi un texte caractérisé par un style affirmé confère-t-il à son lecteur l’impression d’être en contact avec une personne, non robotique, une personne avec – eh bien – une personnalité.

« Je suis partie. 

N’importe comment, mal. Comme à chaque fois que s’exerce contre une vie rangée le fléau qu’on appelle décision et qu’on laisse à l’autre la maison vide sur les bras […]. 

Je suis partie sans parvenir à m’expliquer. Pour dire quoi ? […]. Rien d’assez fort ou d’assez clair, rien surtout qui fût à ...