Comment reconnaître la fin d’une amitié ? C’est la question que pose Pauline Vetter dans son premier roman Un été contraire. Publié aux éditions Asphalte, ce roman d’atmosphère tisse un récit autour des non-dits qui assombrissent les retrouvailles de quatre garçons devenus adultes, à Pittsburgh. Liés par un événement tragique, tous s’emploient à éviter le sujet qui hante leurs pensées. Un huis clos fiévreux et sensoriel, qui séduit par sa précision mais peine à maintenir le lecteur en haleine, tant l’intrigue et les dialogues s’effacent derrière l’écriture.

À l’origine, Un été contraire devait s’appeler Appartement 425. Un titre plus évocateur, quoique simpliste, pour un huis clos où l’essentiel de l’histoire se concentre à l’intérieur d’un appartement situé au quatrième étage d’une résidence américaine. Finalement troqué au profit d’un titre plus énigmatique, ce roman retrace les vacances d’été de quatre hommes, à Pittsburgh, aux États-Unis. Entre chaleur étouffante et paresse, le récit suit Jolan, un jeune homme taiseux venu rejoindre trois de ses anciens camarades : Tim, Régis et Lionel. Tous ne se sont pas réunis depuis leur dernière année de lycée, cinq ans auparavant. Plus particulièrement depuis qu’un drame impliquant Andie, la seule fille du groupe, les a éloignés. Mais ce qui devait être une période d’insouciance se transforme rapidement en un huis clos oppressant où ressurgissent les jeux dangereux de leur adolescence, entre défis puérils, amitié ambiguë et relations de domination. Un premier roman qui raconte le vide existentiel, de façon quelque peu ennuyeuse.

Une amitié qui ne tient qu’à un fil

Pour son premier roman, Pauline Vetter explore les fragilités de l’amitié masculine et de ses dynamiques parfois toxiques. Dès les premières pages, une tension sourde, presque palpable, s’installe : quelque chose ne tourne pas rond dans cet appartement. Si les quatre hommes se sont liés d’amitié au club de théâtre de leur lycée, ce qui faisait leur unité fait aujourd’hui leurs dissensions. À travers le regard de Jolan, le lecteur découvre une constellation de caractères où chaque singularité menace l’équilibre collectif.

Lionel, dit Lio, est un hypocondriaque assumé et obsessionnel de la propreté ; Régis, un séducteur accro à la salle de sport ; Tim, un ingénieur fraîchement diplômé ; et Jolan, un garçon anxieux et traumatisé. Plus encore que leurs traits de caractère diamétralement opposés, c’est leur incapacité à dialoguer qui fragilise ce qu’il reste de leurs liens. Les échanges entre les différents protagonistes se font rares, presque inexistants, si bien que leurs rapports se réduisent à des banalités, voire à des silences assourdissants.

Dans cette atmosphère où les non-dits dominent, Régis relance les jeux de leur adolescence sous forme de défis malsains. Si ces cap ou pas cap se limitaient autrefois à taguer les murs de l’école ou à entrer par effraction dans le lycée, ils prennent désormais une tournure plus dangereuse — comme demander à Lio de nager dans le fleuve pollué en contrebas de la résidence. Ce qui restait de leur complicité se délite alor...