L’atelier des miracles de Valérie Tong Cuong vient d’etre réédité en format poche chez J’ai Lu. Un petit délice à savourer sans modération en ce mois de mars ensoleillé.
Ici, son roman aux allures de conte moderne gravite autour de quatre personnages : Millie, Mariette, Monsieur Mike et le providentiel Jean. Un homme qui récupère les âmes brisées et les remet d’aplomb en quelques coups de baguette magique. Pour réparer ces âmes humaines, Jean s’entoure de Monsieur Mike, un ex-militaire qui vit dans la rue et qui saisit au vol cette chance inespérée d’intégrer l’atelier. Jean le charge de plusieurs dossiers dont les deux nouvelles recrues au bout du rouleau : Mariette, prof d’histoire-géo mariée à un homme politique aussi pervers que narcissique qui craque face à une ultime provocation d’un élève turbulent ; et la jeune et belle Millie qui pour échapper à un passé indicible profite d’un coup du sort pour feindre l’amnésie.
Jean se fait un devoir de requinquer ces êtres. Pourquoi ? Qu’est-ce qui se cache derrière cette louable apparence ? De la pure charité ou une mystérieuse raison travestie par ses bonnes œuvres ?
L’envers du décor paraît moins féerique lorsqu’au fil des pages, le lecteur découvre les méthodes d’une mécanique bien huilée. Mais il serait dommage de révéler ici ce qui tient l’intrigue. Quelles que soient les motivations de Jean, ses locataires temporaires se raccrochent au fait que quelqu’un les écoute et existe pour eux.
A Mariette, épuisée par la vie, voici ce que dit Jean à la page 85 : « Des gens comme vous au bout du rouleau, j’en suis depuis si longtemps si vous saviez. Nous vous écouterons, vous nous écouterez, c’est l’essentiel de la recette. Nous vous apprendrons à vous regarder telle que vous êtes vraiment, et non au travers des yeux des autres, ni des filtres que vous a imposés votre histoire. (…) Nous vous apprendrons à aimer vivre chaque instant. »
En leur ouvrant la porte de son atelier, Jean leur ouvre un champ des possibles qui va de l’introspection à la renaissance
Le fait de faire parler chapitre après chapitre ces trois personnages avec son langage propre, rend ce roman très vivant. Le lecteur entre ainsi au cœur de la psychologie des uns et des autres, dans leurs émois, leur parcours et leurs failles. Finement écrit, ce récit décrit à la perfection leurs tourments et leurs travers les rendant du même coup terriblement humains et attachants.
En leur ouvrant la porte de son atelier, Jean leur ouvre un champ des possibles qui va de l’introspection à la renaissance. La part d’ombre laisse peu à peu place à un chemin plus lumineux. Résolument optimiste et empreint d’humanité, ce roman a trois voix a, à la veille d’une fructueuse rentrée littéraire, encore de beaux jours devant soi.
- L’atelier des miracles, Valérie Tong Cuong, J’ai Lu, 7,50 euros, 5 mars 2014