L’actualité littéraire de ces derniers mois a été essentiellement algérienne. Kamel Daoud a d’abord reçu le prix Goncourt 2024 pour son roman Houris (Gallimard), qui raconte la décennie noire puis l’affaire Boualem Sansal en novembre 2024 a provoqué une vague d’émotions et d’incompréhension.
En outre, les relations diplomatiques entre l’Algérie et la France restent difficiles, notamment en raison de la reconnaissance de la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental. L’actualité fait état d’un grand nombre de sujets de discorde entre les deux États. La situation ne paraît pas s’arranger entre les deux pays qui, malgré tout reliés par un fil littéraire très riche, ont du mal à s’entendre. Ce dossier est né de ce constat.
Cette enquête souhaite raconter autrement l’Algérie, en soulignant les différentes manières de conter ce pays : notamment par une relecture contemporaine de l’œuvre camusienne ou encore par des entretiens avec Alice Kaplan et Yasmina Khadra, dans lesquels ils fournissent des éléments d’une grande richesse pour raconter leur manière de penser et vivre l’Algérie à travers leur travail d’écriture.
Parallèlement, sont mis en lumière des écrivains algériens qui racontent les complexités de de la contemporanéité algérienne, tels que Hajar Bali, pour son roman Écorces (Éditions Belfond) et Xavier Leclerc, qui nous explique à l’occasion d’une entrevue avec Estelle Normand, les ressorts de son nouveau roman Le pain des français, qui survient après son très remarqué Un homme sans titre.
De plus, les éditions Barzakh nous ont fait l’honneur de répondre à nos questions en dessinant un état des lieux des dynamiques éditoriales algériennes.
Enfin, il paraissait impossible de traiter d’une telle thématique sans regarder le passé et ses plumes qui hantent encore les écrits d’aujourd’hui, en mettant en avant de grandes figures, telles que Jean Sénac.
Cette enquête montre combien l’Algérie est foisonnante de récits et donne naissance à de nombreuses plumes habitées par les traumatismes et les luttes du pays. Toutefois, le présent et l’avenir façonnent la fiction contemporaine algérienne. Nous avons en effet tous une référence littéraire algérienne, si ce n’est pas Mohammed Dib ou Kateb Yacine, c’est Assia Djebar ou bien Yasmina Khadra, parmi les écrivains les plus traduits au monde. La volonté de ce coup de projecteur sur la littérature algérienne est d’en suggérer d’autres.