À vivre tranquillement, on oublie que l’existence est une affaire de mise. Nous sommes, tous, fondamentalement, assis autour de cette grande table de poker. Dans ce récit touchant et drôle, l’écrivain Nicolas Krastev-Mckinnon, auteur d’Orelsan, dictionnaire critique («La Grenade », 2023) nous explique comment retrouver le goût du jeu lui a permis de rester vertical, de retrouver le goût de vivre.
Malade et immobile, dévasté par l’ennui, c’est à un moment critique de ma vie que j’ai recommencé à jouer aux échecs.
Univers de rechange, le jeu m’a très tôt ouvert ses portes. Aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours été un homme ludique. Enfant, j’étais souvent ailleurs, perdu dans un autre moi-même. Je jouais comme l’on respire, et je respirais bien.
Alors qu’une amie me rendait visite à l’hôpital, un jour de décembre, je la vis sortir de son sac un petit plateau que je reconnus vite.
« Allez, on joue, ça va te faire du bien ! », m’avait-elle dit avec une étrange conviction.
Je fus battu en quelques coups. Mais une chose en moi venait de se réveiller. Après le départ de mon advers...