/TW violences sexuelles/
Le soleil bat, et ses dents claquent. La lumière l’aveugle, rutilante et froide. Dans cette funeste chaise musicale, le répit ne lui est offert que lorsque courent sur elle les ombres de vautours. Ses tibias maigrelets s’écrasent dans un bruit sec sur le gravier ; ses genoux noueux épousent dans leur chair le pourtour de chaque pierre.
Tu as le fric ?
Pascaline opine, vide ses poches et tend les quelques billets qui lui sont grossièrement arrachés. Le crachat réprobateur qui s’abat à ses flancs n’est pas de bon augure, elle le sait. En prévision, elle baisse la nuque, laisse sa colonne saillante poindre sous le tissu tendu de sa robe.
Il manque vingt balles. Tu le sais, ça, hein, salope ?
Assiégée par ces silhouettes à rallonge, le cercle se referme sur elle, l’oblige à reculer contre un muret. Aucun verbe n’est nécessaire à la compréhension de ce qui l’attend. Elle se fait ronde, en agneau de Dieu, l’échine tendre. Ses yeux pénètrent le sol jusqu’à l’enfanter. Tête basse, elle devine l’avancement des choses en se fiant uniquement à son ouïe. Le tintement de la ceinture, le frottement rêche du cuir : ces supplices sonores suffisent à la plier. Ce rite annonce la pire des apparitions, celle de cet appendice difforme et démesuré. Pascaline le devine se lever superbement, tirant sa raideur de l’effroi suscité. De son seul redressement, il évente l’air. Une chaleur malaisante, organique, suinte de ce nerf de bœuf cylindré, qui se pose sur son front en adoubement salace. C’est le couronnement de la pute, fusent-ils.
Leurs regards de canailles s’épanchent dans un brasillement malsain ; on joue des coudes pour ne pas rater une miette du spectacle. La chose semble la jauger de sa truffe. Admirable de cruauté, son assise oblige Pascaline à redresser le buste, à se toiser un instant. Elle regarde la lymphe qui déjà s’égoutte, fixée par ce qui semble être la pupille d’un cyclope.
Tout lui semble immense : la protubérance des nervures, les testicules en balancier, l’infinie étendue duveteuse conférant à la brute des allures de champ de blé. Tout est si immense qu’elle meurt de se défiler. Elle sent l’impossibilité de persister dans son refus. Il n’est pas chrétien de s’obstiner.
Bah alors, tu t’es congelée, pauvre conne ?
La gifle qui lui est assénée n’est pas très amène, mais elle a le mérite de parachever son immobilisme. Les rires se précipitent. Sa villégiature en enfer débute d’un relent acide et hormonal, comme on en croise au creux d’un caleçon. Pascaline comprend que c’est par la tête qu’elle doit s’y affairer.
Une furieuse collision opère entre ses lèvres étroites et ce qui lui semble être une abjecte potence. Elle tète d’abord l’extrémité salée, détroussée de ses replis, tandis qu’il se dénude. Le t-shirt choit sur le bitume sous les sifflements, offrant à la vue de tous un torse émacié et imberbe.
Jusqu’ici épargnés de toute souillure, les bras de Pascaline demeurent pendants le long de sa silhouette. D’une caresse nette, le bourreau la prend par les poignets et pose ses mains osseuses sur ses fesses, l’obligeant à s’empaler toujours plus vers l’avant.
Désormais, la pulpe de ses doigts aplanit le grain de la peau, se heurte aux faisceaux musclés de sa croupe, la bouche emplie du corps intrus. Lorsque son doigté migre vers la chose, elle sent les tissus de chair rouler autour de la hampe et comprend que plus elle les secoue énergiquement, au mieux elle écourte son service.
Lapant d’abord, elle se résout enfin à des méthodes moins guindées et suce avec stakhanovisme, à s’y casser les hanches. Son entrain provoque l’excitation générale : on jubile. L’ambiance de foire le grise ; le crâne de la captive étant à son diapason, il y enfonce ses ongles, lui laisse un autographe long de quelques minutes, et ne s’arrête que lorsque les bruits de suffocation se font trop rêches. Ce geste qui lui brouille la vision, elle qui voulait éviter le nid à poux et s’y retrouve écrasée à pleines narines.
Il se vide d’une poussière diaphane, légèrement alcaline, à l’essence chlorée. Éclaboussée de javel humaine et laissée en plan dans la douloureuse onction, Pascaline songe à l’ironie de cette odeur ménagère pourtant si crasse.
Repue, la verge se détend prétentieusement et rétrécit sous son regard stupéfait. Même dans tout son ridicule, ce sexe ballant s’arroge le droit de lui faire la nique. Sous un hourra d’applaudissements, la gueulante d’une institutrice horrifiée vient fendre les joies de la récréation.