Lorgnant sur Minority Report et Hunger Games, la superproduction française Chien 51 mise gros. Si, après les nerveux et bien ficelés Bac Nord et Novembre, Cédric Jimenez rate le coche de la science-fiction avec un scénario décevant et vidé de toute ambition politique, il réussit le pari du grand spectacle.

Tiré d’un roman de Laurent Gaudé, goncourisé avec Le Soleil des Scorta en 2004, Chien 51 prend place dans un Paris futuriste, ultra-militarisé et aussi ségrégué qu’une avant-première au Grand Rex, avec ses balcons plus ou moins élevés en fonction de votre notoriété. Autant vous dire que j’étais nichée sur un strapontin bancal, perdu dans les cimes de la Grande Salle. Mais passons.
Dans Chien 51 cette fois-ci, on dénombre en zone 3 : les pauvres, les camés, et des flics au bout du rouleau. En zone 2 : des bourgeois fêtards et décomplexés, surveillés par une unité de police de luxe, assistée par une intelligence artificielle révolutionnaire nommée Alma. En zone 1 : le pouvoir, avec notamment le ministre de l’Intérieur (Romain Duris). Lorsque le créateur d’Alma est retrouvé mort, un flicard insomniaque à tendance rebelle de la zone 3, Zem Brecht (Gilles Lellouche), s’allie à Salia (Adèle Exarchopoulos), enquêtrice de la zone 2. Alors que l’investigation patine et que l’IA gagne en indépendance, on trouve des coupables tout désignés : les terroristes libertariens menés par John Mafram (Louis Garrel), qui appellent à l’insurrection populaire. N’essayez pas de deviner la fin, vous réussirez aisément. Alors, ne réfléchissez pas trop, et prenez-en plein la vue.

Le syndrome Avatar

Musique trépidante, plans ultra-courts, course-poursuite immersive et drones tueurs. Dans une scène inaugurale réjouissante, Cédric Jimenez joue les gros bras et prouve de nouveau son savoir-faire en matière d’action, genre trop souvent relégué aux Etats-Unis. Chien 51 compte bon nombre de scènes stupéfiantes de cet acabit, grâce à de remarquables décors futuristes transformant Paris en une arène menaçante, enrobée dans une colorimétrie sombre et froide. Dans cette capitale dystopique où une police surarmée contrôle chaque point de passage d’une zone à l’autre, le réalisateur s’en donne à cœur joie, multipliant les échappées musclées en voiture – sa spécialité depuis Bac Nord (2021) – mais en se renouvelant aussi avec un remarquable combat à bout de souffle contre un drone meurtrier, ou encore une traversée aquatique de la Seine sous les balles.

“Film du futur trop pris dans le présent, Chien 51 ne pousse pas plus loin la réflexion sur l’IA que ne le font aujourd’hui ses détracteurs les plus pacifiques.”

Côté action et hémoglobine, on en a pour son ar...