Ou de l’hyper-vitalité des podcasts de cinéma de la rentrée après la disparition de La Gêne Occasionnée. Comment s’y retrouver. Comment s’y orienter. Comment ne rien rater. En sus : le Bottin mondain des polémiques de la très immense et petite famille de la critique française de cinéma.

On connaît ces podcasts de critique de cinéma, d’ouï-dire. Ils surviennent au cours des discussions branchouilles en terrasse chauffée, blottis dans nos doudounes, ou dans ces soirées d’appartement où, appuyées à l’embrasure d’une fenêtre à crécelle, deux personnes font bande à part. C’est tantôt leur regret de la fin de La Gêne Occasionnée — avec une interrogation amusée sur l’identité de l’homme qui n’a pas de prénom —, un cri d’extase à propos de l’investissement à tout crin d’Emmanuel Burdeau sur son journal Substack, ou un éloge paradoxal sur les derniers assassinats lucides de Murielle Joudet au Masque. Ces scènes de la vie conversationnelle ont été identifiées comme suit : celles d’étudiantes en fac de philo ou de cinéma, un peu détestables mais sympas, nombreux, nombreuses, et se métamorphosant en une faune spectrale traînant autour des cinémas situés, en esprit ou en corps, dans le Quartier latin. Le cliché a bon dos. Mais de quoi s’agit-il par-delà le spectre d’un geek à chemises à fleurs se mettant en tuxedo une fois l’an pour aller en festival ? Je dirais banalement une vérité banale : ce ne sont pas des gens, mais des désirs. Des désirs désirant se sentir décillés et pâteux à la sortie d’une salle obscure, pour ensuite, sur le chemin du retour, se mettre à la pensée du film comme on se mettrait en jambes. Banal, donc, ce désir de penser le cinéma ?

Reprenons : j’ai parlé des assassinats lucides de Murielle Joudet. Il y a là quelque chose de palpitant, plus encore que le cambriolage du Louvre. Mais pour que cela le soit vraiment, il faut en avoir entendu parler : il faut un registre de ces braquages. Je veux dire : un véritable Bottin mondain de ces événements meurtriers. En somme, une belle couverture médiatique. Il y a bien Paris Match pour Trudeau et Katy Perry, ou After Foot sur RMC pour les rageux de la décision de Xabi Alonso de sortir Vinícius Jr. — mais qui, pour recenser l’exploit brûlant de Frédéric Lordon dans Hors Série, tirant au colt sur les critiques issus de la bourgeoisie culturelle, à froid ? Avec, en supplément, des balles perdues pour ses « représentantes » au podcast Esprit critique sur Mediapart, ou plus proche, son représentant à Hors Série, Jérôme Momcilovic ? Et dire que celui-ci l’avait si diplomatiquement invité dans le génial podcast Sortie de secours avec ses camarades — dont Murielle Joudet, assassine assassinée — pour parler de Tardes de Soledad !
Quand je fais allusion à ceci — https://www.hors-serie.net/bourgeoisie-culturelle-et-revolution-sur-une-bataille-apres-lautre/ et cela https://open.spotify.com/episode/1hkVlkxYHqVYmy1oJpLTfL?si=66c50de5874941a6 — j’émets une hypothèse encore une fois très banale : nous cherchons tout comme eux les ennuis, la brouille, le rififi dans la critique. C’est excitant. 

Sur le moment. Car ce serait faire écran à d’autres podcasts qui prennent le temps de la longueur. Et, tout comme Samir Ardjoum et Emmanuel Burdeau, en un marathon de huit épisodes de trois heures chacun faisant le tour des différents podcasts de la critique et de l’historique de la critique, je m’essaie moi aussi à un tour d’horizon de la critique en 2025 dans un article au temps de lecture indiqué de « 3 minutes ». Je n’ai à l’évidence pas tout écouté de ce podcast de trois heures par épisode en intégralité, mais l’exploit est là. Et je n’en parlerai que par la bande. Avant d’en reparler.

Une recomposition du paysage de la critique ?

Bookmakers sur Arte Radio, podcast plutôt apprécié, consacré aux écrivains de haute volée — genre Gallimard, collection blanche — a cette fois été dédié à Murielle Joudet. Ce qui fait évidemment tiquer :...