Feu à volonté : Dua Lipa est de retour. Ce vendredi 3 mai, après des mois d’un intense teasing, le troisième album de la popstar a enfin vu le jour. Oubliez vite la nostalgie : l’heure est à l’optimisme. À un optimisme radical, tranchant et sans limites. À l’aube de tout, Dua a fait peau neuve, et semble s’être défaite de bien des illusions. Radical Optimism, c’est l’histoire d’un voile qui se lève, d’un regard qui retrouve la vue. Il faut apprendre à être reine.  

Tout avait commencé par une disparition. D’un jour à l’autre, Dua s’était évanouie. Son compte Instagram, rendu vierge. Cela ne faisait aucun doute : quelque chose se tramait. Puis, vint le temps des indices : les cheveux rouge-destin, la chanteuse a refait surface, pas à pas, sous l’égide du plus grand des magiciens. Houdini était né. Dans un morceau spectaculaire, c’est bien l’art de la fugue que la chanteuse enseigne. Apparaissant et disparaissant dans la grande nuit du monde, Dua se dérobe à qui la voudrait saisir : « I come and I go », « I’m not here for long/ Catch me or I go, Houdini. »  

Au cœur d’un univers qui tournoie, et où le temps passe aussi vite qu’une éclipse, Dua est toujours sur le départ, sur ce départ qui nous rend libres, furieusement libres. Et courage pour arrêter sa course. Véritable coup de tonnerre, Houdini préfigurait en fait tout l’enjeu de Radical Optimism :  rester souveraine à tout prix.  

Les illusions perdues :

Dans « Illusion », Dua revient avec sincérité sur son ancienne tendance à se laisser duper par les promesses d’un amour qui naît, et à manquer de prudence dans la passion : « I been known to miss a redflag/ I been known to put my lover on a pedestal. » Romantique à en mourir, la voix des morceaux confesse aussi sa nature précipitée et son douloureux enthousiasme :« Hopelessely  romantic / I always jump too quick, hopin’ this one might stick. » Mais si la joie demeure, c’est que cette époque – celle de la cécité du cœur – est bel et bien révolue : place désormais à la lucidité, véritable vaccin contre la vie : « Now I’m grown, I know what I deserve » et « It’s time I take my rose-coloured glasses off. »  

Toutes les illusions s’écroulent : cela est tant mieux. Training season’s over ; et le grand jeu de commencer enfin. Car c’est désormais la voix des morceaux, devenue reine d’un jour, qui fixera le cadre de sa joie, en ne cédant plus jamais à aucun sortilège : « Are you someone I can give my  heart to/ Or just a poison I am drawn to ? »  

Tomber pour toujours : l’amour de l’amour :

 Sur le plan musical, Radical Optimism est une franche réussite. Plus intime, plus déchaîné, il marque bien l’âge d’or d’une artiste que rien n’arrête.

Ce troisième album, c’est le chant de la maturité. Celui aussi du retour de Saturne. Sans sombrer dans le cynisme, Dua Lipa ouvre la porte à tous les avenirs. Si son optimisme est radical, incompressible, c’est qu’une certitude l’habite : dans le chaos des jours, il existe quelque part un amour qui dure. Là, demain, peut-être, toujours. Qu’il est grand de le chercher, d’y croire sans relâche. Les sceptiques seront confondus. 

Dans « Falling forever » – le plus beau morceau de l’album – Dua chante ainsi sa foi en une passion que rien n’abîme : « I don’t believe that any flame has to get colder. » Pleine de la fougue d’être au monde, au-delà de la grâce, la chanteuse entend bien aimer pour toujours : « Can we stay like this together ?/ Can we keep falling forever ? » Optimiste, non négociable.  

Sur le plan musical, Radical Optimism est une franche réussite. Plus intime, plus déchaîné, il marque bien l’âge d’or d’une artiste que rien n’arrête. Loin de la mélancolie, libérée de ses  anciennes illusions, la chanteuse est prête. Demain, tout commence. Et de Dua Lipa, enfin, que dire, sinon plaindre ceux qui n’en sont pas fous ? 

  • Radical Optimism, Dua Lipa sortie de l’album, 03/04/2024
  • Crédit photo © Tyrone Lebon