C’est un spectacle de pantomime athlétique et burlesque que propose le Rond-Point pour clore sa saison théâtrale. Mené par un duo talentueux à la Laurel et Hardy, Fair-Play réinvente les sports des jeux olympiques (presque) sans accessoire et en musique.
Une voix dans le mégaphone annonce le début des jeux. Les mots sont à peine audibles mais on rit déjà. Les comédiens s’élancent avec une énergie folle, leurs corps comblent l’espace scénique devenant tour à tour carrière, stade, ring. Pas de temps mort pour ces champions de la pantomime acrobatique. Ils jouent solo, à deux, font co-équipe ou s’affrontent. Le potentiel comique de ce tandem transparaît déjà grâce à leur physique que tout oppose; le petit maigre (Philippe Leygnac) face au grand corpulent (Patrice Thibaud) rappelle ce couple mythique du cinéma américain, Laurel et Hardy. Mais pour la souplesse et le gag, c’est l’influence de Chaplin et de Buster Keaton qu’il faudrait identifier. En effet, il se dégage, dans ce spectacle truffé de références comiques, une dimension clownesque qui a l’apparence de la simplicité tout en étant parfaitement maîtrisée.
Le pouvoir comique du corps
L’équitation, la course, la gymnastique, le football… Les comédiens s’attèlent à la compétition sans jamais relâcher le rythme et démontrent que le corps est encore le meilleur outil pour faire passer des émotions, dont le rire. Les mimiques, les gestes, les chutes en disent parfois davantage qu’un long discours. Ainsi, Fair-play instaure subtilement une seconde lecture aux vertigineuses agitations de Patrice Thibaud et Philippe Leygnac ; celle d’une réflexion sur les travers du milieu sportif. Trop souvent, la jalousie, le mépris, la haine éprouvés par des compétiteurs assoiffés de victoire sont relayés au second plan pour, au contraire, célébrer des vertus comme le dépassement de soi et l’esprit d’équipe. Or, le sport est aussi le terrain où s’exposent les rivalités et les coups bas. C’est ce que tente de faire prendre conscience Patrice Thibaud qui, avec son trépidant Fair-play, revient à l’essentiel : « faire » et « jouer ».
L’équitation, la course, la gymnastique, le football… Les comédiens s’attèlent à la compétition sans jamais relâcher le rythme et démontrent que le corps est encore le meilleur outil pour faire passer des émotions, dont le rire
Sport, théâtre et musique
Et si le théâtre était un sport ? On y retrouve le divertissement, la performance, la solidarité. Vice versa, l’univers sportif offre des potentialités dramaturgiques que Fair-play saisit avec brio ; le suspense d’un but, l’impatience du départ d’une course, le risque de l’échec, les comédiens font revivre ces moments de tension extrême. En même temps qu’ils dédramatisent les défaites en tournant leurs personnages en ridicule. Et, au piano et à la trompette, Philippe Leygnac introduit un brin de poésie et de légèreté.
Festive, ludique et musicale, si vous ne devez voir qu’une pièce avant de partir en vacances…
- Fair-play, de et avec Patrice Thibaud, avec Philippe Leygnac, au Théâtre du Rond-Point jusqu’au 3 juillet 2016.