Avec Fugue pour visage, publié aux éditions MaelstrÖm reEvolution, la poétesse Marine Riguet signe un livre dense et mouvant, traversé par la perte, le tremblement, l’attention aux gestes. Entre effacement des repères et recomposition sensible du langage, elle y explore une écriture qui tient autant du rythme que du silence. 

Dans Fugue pour visage, Marine Riguet écrit au bord – là où les visages se dérobent, où les villes tombent, où la langue cherche appui dans la matière et la mémoire. Le livre s’ouvre sur un effondrement : 

« quel bruit fait le dos d’Atlas en cédant »

Ce premier vers, comme un seuil, annonce la chute d’un monde lisible, d’un système de représentation établi. Mais aussi, dans cette brèche, la possibilité du poème.

Car c’est là que Fugue pour visage s’invente : non pas dans le dire, mais dans le mouvement. Dans le tremblement d’une langue qui ne prétend plus nommer, mais cherche à tenir. Marine Riguet parle d’un « dessaisissement du langage », d’un moment où les mots, la syntaxe, ne coïncident plus avec l’actualité des choses. De cette crise naît un poème qui n’impose rien, mais qui écoute, qui frôle, qui épouse l’indécision.

Le titre, à lui seul, condense le projet : fugue – à entendre dans sa double acception. D’un côté, la fuite, le visage qui se perd. De l’autre, la forme musicale, faite de variations et de lignes mélodiques en écho. C’est ce principe de composition qui guide l’écriture : des sizains comme autant de blocs de souffle, fracturés, mobiles, où les mots peuvent «...