Pour tenir le coup au sortir d’une dépression, Bastien accompagne des enfants handicapés, et en particulier le petit Thomas. Mais il se fait surtout observateur d’une sensibilité hors-pair, de ses proches et des gens, à l’école ou dans la rue. Avec simplicité, il constate les petites joies de la vie de tous les jours comme les événements les plus marquants, sans jamais les dramatiser. Exactement comme son héros, Sébastien Ménestrier transforme une matière brute en histoires attendrissantes et fait surgir la poésie qui se niche dans l’ordinaire dans La Petite zone avec de la lumière.

Auteur loin des projecteurs, publié par une maison d’édition suisse assez discrète, Sébastien Ménestrier n’en reste pas moins finaliste du Goncourt du Premier Roman 2013. Son héros Bastien (quasi-éponyme de Sébastien) est AESH : « Coiffeur, médecin, on comprend, AESH non. On est des aides, des cordes, on relie. Je veux dire les gestes qu’on fait, être précis, que les gens sachent […] Je veux que les gens entendent ça, les petits riens ». Constats, faits concrets et précis, « petits riens » du quotidien, Sébastien Ménestrier adopte le même credo pour son style d’écriture. Un regard simple, franc et limpide, qui accorde une bouffée d’air frais parmi les près de 500 livres prévus pour cette rentrée littéraire. Afin de faire une pause dans le fatras complexe de fresques philosophico-politique, dystopies alambiquées et autres essais en tout genre, piocher La Petite zone avec de la lumière peut s’avérer un excellent choix. Une sœur adorée qui se blesse, une mère avare de tendresse ou une voisine qui fait un gâteau en guise de remerciement, le héros Bastien déploie une peinture des « personnages » de son quartier, dans une absence de psychologisation rare, tout à fait agréable.
Écriture blanche, vie de quartier colorée
Si la critique a tendance à qualifier de « blanche » n’importe quelle écriture un tant soit peu compréhensible, il n’existe pas de couleur plus pertinente pour évoquer l’atmosphère de La Petite zone avec de la lumière. Le blanc de la clareté, car chaque mot correspond à sa signification, sans superflu. Le blanc de la lumière, lueur d’espoir qui scintille malgré les difficultés. Mais aussi le blanc du silence, de l’impasse, de l’impossibilité à écrire l’avenir, car le récit ne défriche qu’une « petite zone », terrain fertile à l’espérance, rappelant inévitablement qu’elle ne pourra s’étendre, faute d’intervention extérieure. Dans le roman, la part belle faite aux luttes a toute son importance. D’un adolescent q...