Alors que le festival de Cannes s’est achevé en couronnant « Un simple accident » de Jafar Panahi de la Palme d’or, nous ouvrons cette semaine avec le récit d’une plume iranienne. Dans Trainspotter (éd. Zulma), Ehsan Norouzi  – traducteur en persan de Jack Kerouac – relate un voyage à travers le paysage ferroviaire iranien. Ode aux travailleurs du chemin de fer, cet ouvrage livre une réflexion profonde sur l’obsolescence des bâtiments industriels iraniens.

Victor Dumiot a réalisé un entretien exceptionnel avec l’une des nouvelles voix les plus saisissantes de la littérature : Alexandre Lamborot. Auteur de Pâture (JC Lattès, coll. La Grenade), l’écrivain émergent publie une bombe littéraire retraçant le parcours de Célia, adolescente sous l’emprise de violences systémiques. Victor Dumiot a interrogé le primo-romancier sur sa vision de l’époque et la résurgence d’une virilité agressive envers les femmes, sur sa manière d’écrire et de s’emparer d’un tel sujet – les violences faites aux femmes – sans tomber dans l’écueil d’assujettir son personnage, ni d’écrire un roman masculiniste.

Mardi, nous partirons du côté du Japon pour le troisième roman d’Émilie Desvaux, Le ciel de Tokyo (éd. Rivages), « une flânerie tokyoïte », insolite roman d’apprentissage qui « s’affranchit des codes du récit initiatique pour conduire ses personnages, venus des quatre coins du monde, dans une pension décrépite de la capitale japonaise, le temps d’une errance douce-amère, tout en poésie. » (Margaux Marosso)

Mercredi se placera sous le signe de la science-fiction avec le troisième volet de la trilogie de l’autrice québécoise Gabrielle Filteau-Chiba. Avec Hexa (Stock), elle s’attèle à ce genre, nouveau pour elle, tout en déployant un roman éco-féministe et « hopepunk »,  selon les mots de l’autrice.

Nous poursuivrons notre pensée féministe avec une chronique sur la pratique du vélo à Paris, un texte qui donne matière à penser le spatioféminisme. Prendre le pouls de la ville tandis que le mien s’accélère, de Mathilde Caër, nous interpelle : quelle violence la ville déploie-t-elle sur les corps – a fortiori féminins et à vélo – qui la traverse ? Après la lecture de ce texte, c’est notre rapport à l’espace qui se trouve modifié.

Jeudi, l’analyse de Diana Carneiro sur Une lettre de l’Est (éd. des femmes) d’Inna Shevchenko, militante et écrivaine ukrainienne, explore cette tension entre dissolution et résistance. « L’exil, la survie et la captivité s’enchaînent, mais la frontière entre la vie et la mort demeure incertaine. Après l’innommable, peut-elle seulement se fixer un jour ? »

Enfin, vendredi nous publierons notre grande enquête sur la littérature algérienne, coordonnée par Estelle Derouen afin de souligner le foisonnement littéraire des plumes algériennes, habitées par les traumatismes et les luttes de ce pays, tout en étant façonnées par le présent. Jean Sénac, Yasmina Khadra, Xavier Leclerc, Hajar Bali, etc. sont ainsi mis à l’honneur.