JK Rowling, le célèbre auteur de la saga d’Harry Potter, s’est essayée au polar, avec le roman l’Appel du Coucou, écrit sous le pseudo de Robert Galbraith. Un succès commercial, mais pas littéraire.
Ce livre est un simple polar. Pour l’écrire, JK Rowling a utilisé les éléments d’un roman policier de base. Un détective solitaire, la mort d’un personnage, des proches et des voisins qui font figure de meurtriers potentiels. Dans un quartier chic de Londres, une célèbre mannequin, Lula Landry, est retrouvée morte, après une chute de son balcon. Aucun doute pour la police, la jeune star droguée et tourmentée s’est suicidée. Les enquêteurs classent l’affaire rapidement. La suite est téléphonée.
Cormoran Strike, détective privée, rouvre le dossier afin de prouver que le mannequin a été assassinée, poussé par le frère de cette dernière, un riche avocat. Sur le modèle d’une success story américaine, cette affaire relance la carrière du détective, surendetté, au bord du divorce et de la dépression. Robin, jeune secrétaire brillante, l’accompagne dans son travail. Sa fascination pour ce détective, qui reste secret sur son passé douloureux (la guerre en Afghanistan) la motive, tout en excitant la jalousie de son futur mari, Matthew.
Il semble que l’auteur de la saga Harry Potter ait moins puisé dans son imagination pour écrire ce livre que pour inventer les aventures de l’apprenti sorcier. Ce roman policier regorge de stéréotypes véhiculés dans les films américains de seconde zone. L’un des suspects provisoires du détective est un rappeur aussi riche qu’antipathique. L’exagération de sa musculature fait référence à de nombreux rappeurs américains. Le personnage est décrit comme “un vrai colosse” “un vrai physique d’ex gangster. Il a fait plusieurs fois de la taule à LA” L’individu est néanmoins protégé par “une armée de gorilles autour de lui. Des armoires à glace avec des bagues à tous les doigts et des tatouages sur le cou.” On se dit alors que l’imaginaire de ce roman est directement tiré des clips d’MTV.
Il semble que l’auteur de la saga Harry Potter ait moins puisé dans son imagination pour écrire ce livre que pour inventer les aventures de l’apprenti sorcier.
Le polar manque de rythme. Durant les 200 premières pages, le détective interroge des protagonistes sans véritable enjeu narratif. Comme si l’auteur avait inventé des personnages simplement pour faire durer l’enquête de son détective. L’intrigue donne l’impression au lecteur qu’il ponctue chaque interrogatoire par une virée dans un pub pour oublier la vacuité de son existence.
Quelques passages intéressants parsèment le discours du narrateur. Un semblant d’analyse sociale est parfois perceptible, par exemple lorsque le détective sans un sou pénètre l’univers des millionnaires qu’il interroge. Il y rencontre “des poupées à taille humaine fraîchement extraites de leur emballage en cellophane, “d’une minceur de femmes riches presque dépourvue de hanches dans leur jeans serrés“. Des descriptions d’autant plus pertinentes quand on sait que leur auteur est la femme la plus riche d’Angleterre.
Le rôle de la presse dans le roman présente un intérêt littéraire. L’intrigue débute par le spectacle médiatique de la mort du mannequin. Elle dépeint l’épuisement de cette mise en scène des médias au fil des jours. La presse prend place dans le roman avec toujours un temps d’avance sur l’enquêteur. Les journalistes anticipent les interrogatoires et donnent les coupables avant qu’ils soient jugés. La révélation journalistique est liée au contenu de ce roman et à sa réception. L’écriture sous pseudo de JK Rowling, a été dévoilée en 2013, dans le Sunday Times, faisant exploser les ventes de ce simple polar.
- L’Appel du coucou, Robert Galbraith, Grasset, 21,50 euros, novembre 2013