Comme le reste de l’année, l’été aussi j’ai ma petite routine ciné. Je quitte les salles du Louxor et du MK2 quai de Loire pour remonter plus haut que l’embouchure de la Seine. Les petits cinémas des stations balnéaires, désertés par les touristes qui somnolent les fesses dans le sable en mimant les clichés de Martin Parr, sont ceux que je préfère. Et cette année encore, les vacances débutent par un week-end prolongé sur la Côte d’Opale, dans l’appartement de mes grands-parents, niché au premier étage d’une maison touquettoise. À deux pas de là, il y a les 3As, cet établissement un brin coquet dont les sièges ont troqué leur rouge velours pour le bleu de la mer. Chaque jour, la programmation change pour contenter les plus petits, les amateurs de comédies franchouillardes et les publics un peu plus aguerris. Parfois c’est Noël, les films passent même en VO. 

Alors ce lundi 21 juillet, non par habitude, j’ai acheté mon billet en avance, comme je suis tout le temps en retard et que mon pass UGC illimité ne fonctionne pas ici. Le choix du film, quand la séance coûte onze euros, se réfléchit. Mais il est 18h30 et seul le dernier film de Sophie Letourneur passe à cette heure-ci. Bon, L’Aventura a perdu un V par rapport à celle d’Antonioni mais elle a pris quelques couleurs au passage. Et puis, au Touquet, il pleut, alors pourquoi ne pas m’incruster dans le quotidien sablé d’une famille comme les autres, avec option paysage baigné de soleil en prime. Que l’aventure commence, les vacances dans les vacances, ça me tente bien finalement. La salle est vide, nul ne mâchouille de chewing-gums ou fait crisser le pop-corn entre ses dents et je peux même commenter le film à voix haute sans déranger personne. J’ôte mes méduses et utilise mon pull comme couverture car il fait un peu froid – fin prête à me laisser entraîner par cette épopée solaire où la petite Claudine, 11 ans (tiens, c’est aussi le prénom de mamie) documente la banalité de ses chaotiques vacances pour occuper les miennes. En enregistrant chaque jour leurs péripéties sardes, elle cherche l’attention autant que sa place dans cette famille recomposée où les crises de son petit frère Raoul, 3 ans, investissent tout l’espace.

J’ai vingt ans de plus mais tout comme Claudine, les vacances, je les aime autant que je les déteste. Reposantes ? Pas vraiment. Génératrices de stress, elles sont toujours source d’organisation pan...